
26 Avr 24 Burning Heads – ‘Embers of Protest’
Album / Kicking / 12.04.2024
Punk rock
Quelques arpèges avec une légère pointe de dissonance embrayent sur une imparable mélodie high tempo : dès les premiers instants de l’ouverture Pyromaniac, les Burning Heads lâchent les chevaux, histoire de bien marquer leur retour aux affaires et de rappeler qu’ils ne sont pas là pour enfiler des perles. Et les Orléanais font bien tant, après le récent remplacement de Pit par Fra (The Eternal Youth) au chant et le (second) départ de leur guitariste originel, le doute aurait pu planer sur la suite de l’histoire.
Il n’en est rien : Embers of Protest revient battre un clou déjà bien enfoncé par Torches of Freedom il y a deux ans, avec plus que jamais en ligne de mire le punk rock anglais et australien, celui de The Ruts, Hard-Ons ou The Saints pour lesquels le quintet n’a jamais caché son affection. Ici, des phrasés toujours bien placés, souvent scandés, savent virer au punk-hardcore quand il le faut (Red); là, des riffs entêtants entremêlés d’arpèges confirment le savoir faire de nos frenchies en la matière (Revolving Door Policy, Survival Instinct, Strike a Match). Autant de joyeusetés qui soulignent le remarquable travail de songwriting et d’arrangement opéré par Fra sur ces douze nouveaux morceaux, parmi lesquels deux se démarquent particulièrement : Dark Romance qui voit les Burning Heads reprendre leur bonne vieille habitude d’une pause reggae-dub en pleine cavalcade punk, et surtout Keep The Fire Burning dont les accents très post-punk clôturent l’ensemble en beauté. Pas de doute, le nouveau frontman est non seulement définitivement bien intégré, mais fait aussi souffler un vent de fraîcheur avec des textes qui résonnent, qu’ils s’aventurent sur le terrain de réflexions personnelles ou qu’ils pointent du doigt des inégalités plus que jamais d’actualité.
Lui aussi remarquablement co-produit par Guillaume Doussaud, Embers of Protest est un seizième album aux multiples contrastes, capable de se montrer aussi intense et tendu que lumineux et groovy, au risque de dérouter encore un peu plus les fans de la première heure restés sur leur faim après le départ de l’emblématique Pit et de ses influences lorgnant plutôt de l’autre côté de l’Atlantique (Dag Nasty et Down By Law en tête). Pourtant, il suffit d’un coup d’œil dans le rétroviseur pour se rappeler que les Burning Heads ont toujours pris un malin plaisir à multiplier les contrepieds. Droit dans ses bottes et toujours aussi passionné après 37 ans de carrière, le groupe prouve à nouveau ici qu’il fait toujours partie des patrons de la scène punk-rock hexagonale. Sans protestation possible.
Photo : Marie d’Emm – mariedemm.com
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