Buriers – ‘Buriers’

Album / Buriers HQ / 13.11.2019
Hip hop alternatif / folk

Bien qu’il ait recruté de nouveaux membres, dont un batteur, A Band of Buriers s’est contracté jusqu’à devenir Buriers, et sortir un premier album qui porte son nom. On connaissait aussi son leader James P. Honey, tant pour ses albums solo, ses collaborations en hip-hop alternatif (avec Murmur Breeze, Babel Fishh, Jamesreindeer…), que pour It’s Been a Long Year, son récent EP à la teneur beaucoup plus folk sorti fin 2017.

L’artwork nous montre le Londonien de dos, en train d’uriner au milieu d’une plaine sans relief, et offre une impression relevant autant du no man’s land apocalyptique que d’une liberté enfantine retrouvée. Une ambivalence qui traverse l’album de part en part, aussi inclassable que fascinant tant Buriers fait de sa marginalité une esthétique. Ici, les assignations à un genre musical, à une étiquette, sont balayées d’un revers de main, pour nous offrir une forme de traversée musicale nouvelle, dominée par une impression poétique aussi novatrice que puissante.

Les atmosphères sont multiples, peuvent autant évoquer Thee Silver Mt Zion par la liberté des cordes et des choeurs de Green Time, que Leonard Cohen sur l’introduction toute en arpèges de Hammer on the Hunt où l’on sent le nylon des cordes, ou des sommets de hip hop alternatif proches du label Anticon (Lynch Mob Hero). Buriers pioche ses influences, s’inspire d’une globalité environnante comme pour mieux s’en détacher, quitte à rire de sa propre marginalité. En atteste la vidéo de Glory Hunter ou James P honey arbore un manteau de supporter de la Juventus de turin dans un contexte qui tient plus de la danse contemporaine que des tribunes de foot (voir ci-dessous).

Mais Buriers n’est pas uniquement le projet de James P Honey, et jamais la formation ne s’était à ce point assumée comme ensemble musical. Les lignes de cordes de Jamie Romain et Marianne Canning, comme le jeu de batterie de Jamie Gilett ne se contentent pas d’accompagner les thématiques abordées par Honey. L’orginalité de la formation (violon, violoncelle, batterie, guitare, choeurs) permet aux textes de s’incarner, qu’ils fassent allusions aux errances de la vie de tournée (Hammer On The Hunt), ou au rejet de l’économie musicale et de sa prétendue cool-attitude : This is our presskit / Hashtag that !

Assurément, Buriers ne peut pas se synthétiser, refuse le mot-dièse, les tiroirs de rangement et les étagères de classification. Processus avant tout, plein de vie de surcroit, il nous offre ici l’un des albums les plus riches de l’année, qui devrait récolter une gloire bien méritée sans avoir à la prendre en chasse.