Bully – ‘Losing’

Album / Sub Pop / 20.10.2017
Retour aux 90’s

En provenance directe de la Mecque de la musique country (Nashville), Bully n’aborde pourtant pas les récits à la gloire des camions, de Dieu ou des pères fondateurs de l’Amérique. C’est même le portrait inverse. Plongé dans un état d’esprit proprement nineties, le trio narre ses errements de jeune adulte sur fond de mélodies saturées, entre colère brute et détermination, dans la droite lignée des Breeders, de L7, ou Hole.

On ne cite ici volontairement que des groupes féminins car Bully tourne entièrement autour de la personnalité de sa chanteuse-guitariste : Alicia Bognanno. Aussi ingénieure du son (elle fut stagiaire de Steve Albini – ce qui claque pas mal sur un CV admettez-le), la jeune femme a logiquement produit et enregistré ce ‘Losing’. Et c’est elle dont la voix et le jeu guitare dominent la majeure partie du spectre sonore, tandis que ses paroles se font l’écho de ses propres tumultes intérieurs. Et en même temps, quelle voix… A la fois candide, rétive, railleuse et puissante, elle qui guide et irradie l’album par son intensité, laissant à sa section rythmique (basse et batterie) un unique rôle de figurant. Dommage car l’ensemble aurait parfois mérité plus de corps.

Déjà auteur d’un premier album en 2015 (‘It Feels’, totalement passé inaperçu en France), Bully signe avec ce second album ses débuts sur le label Sub Pop. Une filiation toute naturelle au regard du pedigree de chacun (le groupe comme le label). S’il n’y rien à chercher du côté de l’originalité, le groupe peut s’enorgueillir d’écrire des morceaux d’une efficacité redoutable, avec justesse lorsqu’il s’agit d’évoquer les désagréments de relations au long-court (‘It just takes one disagreement for you to remember the one time I fucked up‘, sur le morceau ‘Spiral’). Un disque dans lequel pourront se projeter avec aisance tous ceux qui n’en ont pas fini de l’indie et du grunge, à la recherche de quelques frissons supplémentaires.