10 Mai 17 Brother Ali – ‘All The Beauty in this Whole Life’
Album / Rhymesayers / 05.05.2017
Hip hop
Brother Ali est du genre à prendre son temps, pour toujours revenir au moment le plus opportun, comme il y a cinq ans alors qu’il sortait ‘Mourning in America & Dreaming in Colour‘ à la veille de la réélection de Barack Obama. Cette fois, c’est au lendemain de celle très controversée de Donald Trump que le Mc albinos est de retour, s’éloignant légèrement de son engagement politique habituellement plus frontal, pour mieux illuminer le quotidien en chantant les valeurs de la vie. Une façon de prendre au sérieux son statut de Mc parmi les plus respectés du circuit indépendant ?
Aux côtés d’un Ant de retour à ses côtés après avoir signé avec lui l’excellent ‘Us‘ en 2009, Brother Ali offre avec le paisible et pacifique ‘All the Beauty in this Whole Life’ une véritable ode à la beauté, qu’il ne détache jamais de l’amour et de la vérité, tout en rappelant que, ‘alors que le monde entier souffre, les combats les plus importants doivent d’abord être menés de l’intérieur‘ : un message qui devrait définitivement trouver un écho alors que son pays vit ses heures les plus sombres, et que le peuple semble désormais plus sensibles aux sujets politiques.
Ce sera sans conteste le cas, même si on regrette néanmoins que la plume si intelligente de Brother Ali ne puisse maintenant plus vraiment compter sur l’énergie du conquérant qui habitait ses derniers albums. Comme noyée dans la foi, la colère est bel et bien là, présente, mais adoucie par une approche de la vie toujours plus sérieuse et spirituelle, y compris quand le Mc de Minneapolis aborde des sujets aussi lourds que les violences policières, les problèmes raciaux ou même plus personnels.
Et la couleur majoritairement soulful apposée par le producteur n’arrange rien à l’affaire : les cuivres de ‘Can’t Take That Away’, le piano de ‘Dear Black Son’, les choeurs de ‘Pray For Me’, ou les refrains chantés de ‘Special Effects’, ‘It Ain’t Easy’ et ‘The Bitten Apple’ desservent le propos plus qu’ils ne le soulignent, laissant que peu de réjouissances à ce ‘All the Beauty in this Whole Life’. Parmi elles, le vent d’originalité soufflé par ‘Never Learn’ dont le trip hop va parfois jusqu’à rappeler les délires nonchalants de Gonjasufi, ou la preuve que la verve d’antan du bonhomme peut encore avoir lieu d’être (‘Pen To Paper’, ‘Uncle Usi Taught Me’). Par souci de contradiction, nous y ajouterons le titre éponyme final à la mélancolie poignante, nourrissant toujours plus de regrets que Ant ne se montre pas ici à la hauteur des textes de son acolyte.
A ECOUTER EN PRIORITE
‘Pen To Paper’, ‘Uncle Usi Taught Me’, ‘Never Learn’, ‘All The Beauty in This Whole Life’
No Comments