Brigid Dawson & The Mothers Network – ‘Ballet of Apes’

Brigid Dawson & The Mothers Network – ‘Ballet of Apes’

Album / Castle Face / 22.05.2020
Pop psychédélique

Les aficionados de Thee Oh Sees connaissent bien Brigid Dawson puisqu’elle en fut un membre éminent de 2006 à 2014, prenant une part importante dans l’écriture des morceaux. Sur scène, elle était derrière les claviers, agitant son tambourin à l’occasion, mêlant sa voix à celle de John Dwyer sur certains refrains. Elle était le calme dans la tempête, comme capable de canaliser la bête. Tous les deux avaient aussi ressuscité OCS (première appellation de Thee Oh Sees) en 2017 pour un charmant Memory of a Cut-Off Head qui naviguait entre folk et pop psychédélique. On pouvait donc attendre un premier album solo s’inscrivant dans cette veine joliment 60’s, d’autant plus que les deux disques ont en commun le titre The Fool. Mais Ballet of Apes est bien plus ambitieux que ça.

On rentre dans ce disque en suivant une lente cérémonie païenne. Is the Season for New Incarnation ouvre par un tambour frappé en rythme, un orgue accompagne l’envoûtante prophétie, puis une guitare se détache de la procession et monte dans les cieux. Saisis par cette magnifique vision d’un nouveau monde, nous ne pouvons que rester ébahis. Si la suite prend une tournure plus conventionnelle, entre ballade et le country When My Day of the Crone Comes, la voix – pas spécialement puissante, sans grain particulier – charme par sa douce sérénité, sa belle humanité. Arrive Ballet of Apes ou Brigid Dawson reste sur chaque syllabe de ce titre alors qu’une ample boucle de basse devient vite obsédante, qu’un saxophone se lève comme le soleil avant de perdre tout contrôle. Un tambourin imite l’avertissement du crotale, l’atmosphère devient vite étouffante, saturée, et elle reste imperturbable dans la fournaise.

Enregistré en Australie, à Brooklyn et à San Francisco, son port d’attache, Ballet of Apes accueille quelques amis, parmi lesquels Mikey Young (Total Control/Eddy Current Suppression Ring), Mike Donovan (Sic Alps), Shayde Sartin (Fresh & Onlys) et Mike Shoun (ancien batteur des Oh Sees), ainsi que les membres du groupe psyché-instrumental The Sunwatchers. Différentes origines donc, et autant de participations formant ce Mothers Network contribuant à la richesse sonore de cet album qui ne ressemble à nul autre.

La pochette est frappée du symbole peace & love cher aux hippies. L’influence de cette scène psychédélique est là, Grace Slick pourrait tenir le micro pour Pink Floyd sur Heartbreak Jazz, mais elle se télescope avec une créativité tenant de l’avant garde ou de la science fiction. Chaque morceau s’accompagne d’un pouvoir imaginaire fort, comme Trixxx où Brigid Dawson laisse aller un feulement paresseux sur un tempo lent, alors qu’un saxophone serpente une nouvelle fois librement. Il met ainsi un terme à un album passionnant, qui montre un nouvelle fois tout le talent créatif de la dame.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Is the Season of Incarnation, Ballet of Apes


Pas de commentaire

Poster un commentaire