08 Sep 20 Bright Eyes – ‘Down in the Weeds, Where the World Once Was’
Album / Dead Oceans / 21.08.2020
Indie folk
Les retours, après un long silence, suscitent l’excitation. Fin mars, au début du confinement mondial, lorsque Bright Eyes sort Persona Non Grata en guise de mise en bouche d’un album complet à venir, le signal perçu ne pouvait être que positif. Le monde est sur pause et le trio revient avec ce titre, comme s’il était malvenu, sorte de cheveu sur la soupe d’une situation qui nous dépassait tous. Enfin de la nouveauté enthousiasmante, même si elle se définit comme Non Grata…
Bright Eyes est de ces groupes à l’esthétique écrêtée, capable de côtoyer les cimes comme de susciter des souffles d’exaspération en raison d’une surenchère lyrique. L’écoute de Persona Non Grata peut d’ailleurs générer les deux mouvements. Un rejet face à cet affect en excès, puis un retour vers le titre, avec tout ce qu’il draine d’émotions, presque machinalement, dans un enchainement compulsif d’écoutes. Comme si tout ici était dans le trop : trop adolescent, trop émotif, mais aussi trop efficace, trop mélodique. Alors on se résigne à être convaincu, happé. Les singles suivants continuaient à enthousiasmer, en particulier One And Done qui a les mêmes caractéristiques que le premier.
Puis sort l’album. Quatorze titres, et près d’une heure à se demander si on ne reste pas dans une esthétique du too much. On n’arrivera pas à atteindre à nouveau les hauteurs de Persona Non Grata, l’un des plus beaux morceaux écrits par le groupe à ce jour, et on restera constamment partagé, de Just Once In The World à Comet Song, séduits par les mélodies, par la voix inchangée de Oberst, par l’univers de rupture et de réconfort, comme si le disque se destinait aux coeurs en friche. Mais il y a ici quelque chose de trop agencé, une forme de recette de l’émotion à fleur de peau qui ne peut pas prendre à tous les coups. Les tressaillements à l’écoute du premier single laissaient espérer la force brute du groupe à la période de Fevers And Mirrors. Seulement les sommets sont faits pour rester hors d’atteinte. Ce qui n’empêche pas de tenter de s’en approcher, par moments. Peut être est-il risqué d’utiliser chaque fois les mêmes chemins pour espérer s’y rendre.
A ECOUTER EN PRIORITE
One And Done, Persona Non Grata, Tilt-A-Whirl
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