03 Mai 12 Brian Jonestown Massacre – « Aufheben »
Album
(A Records)
30/04/2012
Deux ans après la sortie de « Who Killed Sgt. Pepper », le Brian Jonestown Massacre y va de son treizième album. Avec le temps, et quoique le principal intéressé en dise, Anton Newcombe ne s’est jamais autant ouvert au monde. Le berlinois d’adoption a ainsi fait appel aux services de Constantine Karlis de Dimmer ou encore la finlandaise Eliza Karmasalo.
Loin d’enterrer le passé six pieds sous terre, « Aufheben » synthétise les premières amours folk, psychédéliques, et le récent attachement aux eighties. Si le corps de Newcombe défie les lois de la nature, cette association pourrait bien s’avérer testamentaire tant jamais la formation n’était allée aussi loin dans la béatitude. Parfois à la limite de la niaiserie (« Illuminomi », « Face Down Of The Moon »), le Brian Jonestown invoque les fantômes du passé avec la plus grande empathie. Pour autant, ces réminiscences ne sont pas toutes pour déplaire. Après une demi-heure d’ennui confortable, les travers vénérés du groupe refont surface avec « The Clouds Are Lies » et surtout, « Starways To The Best Of Universe », petit bijou psychédélique salvateur. L’explication se cache probablement derrière le retour de Matt Hollywood (co-fondateur de la formation, tout droit surgi des limbes californiennes) et l’intégration de l’ex-Spacemen 3 et Spiritualized, Will Carruthers, adulé par Newcombe himself. Quelques soubresauts plus ou moins dispensables plus tard, « Aufheben » s’achève sur l’inévitable « Blue Order/New Monday », zizanie guimauve hommage à qui vous savez.
Au final, « Aufheben » laisse l’image troublante d’un groupe définitivement adoré de par son statut de looser éternel, capable de composer des perles qui marqueront une période de notre vie sans pour autant laisser un souvenir impérissable. Le Brian Jonestown Massacre a la faculté d’être plus important que ses propres chansons. Certes, « Dig » a largement aidé dans ce sens mais jamais le combo n’a cherché à aller à l’encontre de cette fatalité. Même l’irritant ego d’Anton Newcombe semble avoir mis de l’eau dans son vin, probablement usé de ses digressions stériles. Paradoxalement, si cet album est loin d’être le meilleur, c’est peut-être celui qui révèle enfin au groupe un semblant d’humanité, l’humilité touchante d’icône pop qui a vécu et s’est résignée à mourir. Ironie du sort, il aura fallu attendre le treizième. Les superstitieux sous mescaline ne croiront pas à une coïncidence.
En écoute intégrale
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