Bria Salmena – ‘Big Dog’

Bria Salmena – ‘Big Dog’

Album / Sub Pop / 28.03.2025
Pop rock

Du post-punk le plus expérimental au sein des canadiens de Frigs – qu’elle a co-fondé avec son alter égo musical et compagnon de route Duncan Hay Jennings – à ses récentes escapades alt-country lynchiennes en compagnie du mystérieux Orville Peck, Bria Salmena trompe son petit monde depuis pas mal d’années. Insaisissable, elle a sorti chez Sub Pop, toujours en compagnie de Jennings, deux EPs de reprises country-americana plutôt intéressants qui ne laissaient rien deviner de la trajectoire de ce premier album solo, Big Dog. Un disque dont le titre, né d’un surnom affectueux qu’un ami lui donne alors qu’elle traverse une période difficile et qu’elle est au bord du gouffre, n’est pas anodin. ‘Grand chien’ lui lance-t-il : une expression qui fera son chemin et qui synthétisera pour elle cette errance pénible qui l’a vue passer des profondeurs obscures du découragement et de l’auto-sabotage à une transformation artistique et personnelle complète.

Un premier album cathartique comme il est de coutume de dire, porté par sa voix imposante, tour à tour iridescente, brute et provocatrice, qui explore aussi bien les terrains de la vulnérabilité que ceux plus flous de l’audace et de l’affirmation. Big Dog rompt sur le fond et la forme avec ses précédents EP Cuntry Covers 1 et 2 qui inventoriaient un répertoire country bien balisé, et se veut plus ambitieux en mêlant avec habileté krautrock, shoegaze, pop, avec une touche de textures électroniques qui donnent à l’ensemble une sophistication nouvelle qu’on n’attendait pas.

Mais s’il est présenté comme son projet solo, Bria admet sans souci que l’album est avant tout le fruit de belles collaborations. Avec Jennings, en premier lieu, partie prenante dans l’écriture des titres, puis avec Graham Walsh (Holy F**k, METZ, Alvvays) qui aide le duo à peaufiner les textures de son mélange de rock et d’électro. Meg Remy (du projet pop expérimental U.S. Girls), quant à elle, s’est principalement concentrée sur le chant de Salmena, la poussant à approfondir encore davantage le sens de ses textes et à réfléchir à différentes façons d’utiliser et poser sa voix. Une évolution vocale qu’on découvre sur Drastic, premier morceau du disque, qui tient sur une ligne harmonique claire, posée et timbrée, survolant une rythmique doucement cold et hypnotique immédiatement séduisante. Le premier tiers de l’album est résolument accueillant et oscille entre pop électrifiée (Backs Of Birds) et rock acidulé (Closer To You). Puis, dès Radisson, le ton s’assombrit et Bria explore des sonorités plus dark et planantes sur Twilight (qui rappelle certaines envolées de Mazzy Star) voire chamaniques sur les premières mesures de On The Line.

Murmurante dans ses registres les plus graves, explosive quand elle adopte un falsetto inconfortable ou déchirante sur Rags, la voix riche et lumineuse de Salmena surnage dans cet océan de sons organiques, électriques et mécaniques. Les derniers titres, plus personnels et dépouillés (See’er, Peanut et Water Memory) prennent le temps de s’installer et confirment que l’opus évite l’écueil récurrent des premiers albums solo construits sur un empilement de titres hétérogènes sans réelle cohésion. Bien plus qu’un disque nombriliste et replié sur lui-même, ce Big Dog solaire a du chien et irradie de bout en bout, plaçant Bria Salmena dans le peloton de tête des frontwomen à suivre de très près.   

Photo : Matthew Tammaro

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A ECOUTER EN PRIORITE
Drastic, Backs Of Birds, Hammer, Twilight, Stretch The Struggle, Water Memory

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