Bonnie Prince Billy – ‘Keeping Secrets Will Destroy You’

Bonnie Prince Billy – ‘Keeping Secrets Will Destroy You’

Album / Domino / 11.08.2023
Folk

Le dernier album solo de Bonnie Prince Billy a beau remonter à 2019, difficile de taxer le garçon d’une quelconque propension à l’inactivité puisque deux collaborations aussi réussies que chargées de promesses ont vu le jour depuis : l’une de reprises – Blind Date Party (2021) – avec l’éternel compère de label Bill Callahan; l’autre – Superwolves – avec le partenaire Matt Sewney, donnant une suite plurielle au Superwolf de 2005. Deux disques abordés avec légèreté et ouverture, laissant entrevoir de possibles renouvellement, des envies d’expérimentation (réécouter au besoin la reprise du Sea Song de Robert Wyatt avec Callahan) et, il faut l’avouer, une fraicheur qui avait pu faire défaut à certains albums solos passés.

Là ou I Made A Place (2019) s’appuyait sur une subtile orfèvrerie d’arrangements, Keeping Secrets Will Destroy You renoue avec l’épuré, la simplicité et le naturel. Les cordes restent présentes en accompagnement mais les percussions ont été remisées dans une vieille armoire boisée, au même titre que les cuivres, et cela dès l’entame Like It Or Not venant, par ses jeux de choeurs féminins, toquer aux portes mémorielles d’un Master And Everyone (2003). L’alternance des phrases synthétise les humeurs du compositeur : ‘I’m singing destruction / I’m happy today’. Les horizons restent teintés de ténèbres, plus que jamais quand on a écrit I See A Darkness il y a 25 ans. Mais la joie du partage, particulièrement sensible dans les échanges récents avec le public, vient éclaircir le tableau.

L’édifice discographique de Bonnie Prince Billy est protéiforme, certains opus étant joyeusement marqués du sceau country quand d’autres sont en quête de sonorités ou d’arrangements nouveaux. D’autres enfin, s’avancent avec assurance sur les rives d’un folk crépusculaire. Par sa simplicité, Keeping Secrets Will Destroy You semble de prime abord appartenir à cette veine. Le titre inaugural de l’album va dans ce sens, comme le très sombre Trees Of Hell. Par sensibilité personnelle, ou parce qu’on a d’abord aimé Bonnie Prince Billy dans sa version écorchée, à l’époque Palace, ce sont assurément là les titres qui retiennent notre attention.

Mais ce cru n’a pas été écrit en 1996, et se présente comme un panel des différentes cordes sensibles de son auteur, présentées ici sous l’aspect direct d’un concert en appartement ou au coin du feu, sans fioritures ou artifices de séduction, et sans avoir de comptes à rendre. Comme il le chante sur le très beau Crazy Blue Bells, ‘Our interest for the darker arts no longer coming first’… A défaut d’être habité par la noirceur profonde des albums inauguraux du natif du Kentucky, l’intimité et l’honnêteté que recèle Keeping Secrets Will Destroy You devrait permettre de créer des situations propices à la communion lors des tournées à venir : la quête, semble t-il, de ce troubadour aux trente ans de carrière.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Like It Or Not, Trees Of Hell, Crazy Blue Bells


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