Bon Iver – « Bon Iver »

Bon Iver – « Bon Iver »

bon180Album
(4AD)
17/06/2011
Indie folk

Après la gifle infligée par « For Emma For Ever Ago », un des plus beaux disques de la décennie passée, on était forcémment en droit d’attendre quelque chose de grand de la part de Bon Iver. Seulement, les choses ont beaucoup changé depuis son volontaire isolement au fin fond du Wisconsin où – malade et le coeur brisé, dans une cabane avec pour seuls compagnons une guitare, un micro, et quelques autres instruments – il avait enregistré des compositions d’une intensité rare, d’une déconcertante simplicité dans l’exécution. Quatre ans, c’est donc l’éternité qu’il lui aura fallu pour guérir de ses maux, et peu à peu retrouver une inspiration un temps envolée.

Sa vie a changé, sa musique aussi. De sa solitude, Vernon a finalement opté pour l’accompagnement à outrance, en impliquant un nombre important de musiciens à l’enregistrement de ce « Bon Iver », dont l’entame « Perth » annonce d’emblée la couleur avec cuivres, batterie, instruments à vent, et guitares saturées. Plus de doute alors, le bonhomme a définitivement quitté sa fôret pour le grand air de la ville: les arrangements rustiques du premier album se sont évaporés, ses silences aussi, au point de passer à d’impressionnantes orchestrations, à quelque chose de généralement plus complexe que le calme et la sérénité qui marquaient autrefois son oeuvre.

Point de suite logique donc qui se serait certainement révélée trop facile pour quelqu’un de si ambitieux. Reste néanmoins une valeur sûre commune aux deux albums: la voix qui, à défaut d’être angélique ou des plus techniques, est toujours autant chargée d’émotion, qu’elle soit entourée d’un orchestre ou uniquement portée par le son boisé de la guitare acoustique. Illustration avec le touchant « Holocene » sur lequel Vernon fait flotter les mots avec une époustouflante simplicité. Seulement, autrefois seule aux commandes, Bon Iver va désormais jusqu’à lui faire cotoyer sur « Beth/Rest » un étonnant arpège de synthétiseur Bontempi comme chipé à Lionel Ritchie, ainsi qu’un de ces soli de saxo si chers aux années 80.

Le genre d’initiative de composition qui ne manque pas de réveiller les critiques, d’abord rassurées par « Calgary » avant d’être totalement déroutées par cette nouvelle orientation. « Bon Iver » mérite pourtant bien plus qu’une écoute furtive et un avis hâtif: avec un peu de persévérance, l’oreille parvient finalement à admettre que Justin Vernon ne soit plus l’attachant homme des bois qu’il fût. Même si, elle aussi, aurait clairement préféré se voir offrir un juste milieu de ces deux premiers albums qui aurait sans doute réussi à préserver un peu plus l’émotion et l’intensité naturelle de Justin Vernon qui, on le sait, sont définitivement les deux jambes qui lui permettent d’avancer.

En écoute


Disponible sur
itunes30


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2 Comments
  • We Suck Noise
    Posted at 11:04h, 23 juin Répondre

    Je n’arrive pas très bien à saisir si cette critique est bonne ou mauvaise au final. Personnellement je trouve que cet album est le meilleur sorti à ce jour cette année, et je le trouve peut-être même plus abouti que For Emma… qui était bien évidemment déjà un chef-d’oeuvre.

    Bref my 2 cents 🙂

  • entropyk
    Posted at 16:28h, 07 juillet Répondre

    Horriblement surproduit et orchestre… Un melange entre rock fm digne de la bande originale de Top Gun et la soupe 80’s (oui, Lionel Richie, en effet). Meme la voix est souvent noyee dans une boue d’effets « cheap ». Je suis decu; le premier album etait si delicat et authentique…

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