Blonde Redhead – ‘Sit Down For Dinner’

Album / Section 1 / 29.09.2023
Pop enveloppante

On ne pensait plus entendre ce nom, et pourtant cette rentrée voit débouler Blonde Redhead sur le devant de la scène. Neuf ans après leur dernier disque et près de trente ans depuis leur premier – loin des oreilles mais toujours un peu près du coeur, ouh ouh -, le trio (né de la rencontre new-yorkaise entre Kazu Makino et Amedeo et Simone Pace) sort Sit Down for Dinner sur le label Section 1, division de Partisan Records.

Composé et enregistré entre New York et l’Italie lors de ces cinq dernières années, l’album déroule des atmosphères connues : un tapis douillet de rythmes contemplatifs et de notes ultra délicates, audibles à qui veut les entendre, sur lesquelles viennent se poser les voix tantôt éthérées tantôt chaleureuses de Kazu et d’Amedeo. Une pop ouatée, sourcilleuse, devenue marqueur de Blonde Redhead après feu les sondages noisy de leur début de carrière.

Sit Down for Dinner livre un objet sensible et évocateur, dans la lignée des dernières compositions du trio. Si les premiers singles partagés étaient catchy et prometteurs (Snowman, Melody Experiment et Before), le reste du disque est un poil introverti – sans citer le dispensable I Tought You Should Know qui fait clairement musique de salon VIP lounge d’aéroport (ou frangin ingrat du Asleep From Day des Chemical Brothers ?). Le disque a ces contours traînants, caractéristiques au groupe, qui parviennent ici à s’échapper en de belles expériences d’envolée, comme sur le titre éponyme en deux volets. La nostalgie se cache dans les détails.

Fidèle à son univers songeur et tourmenté, la plume trempée dans une ample palette d’émotions, c’est un bel album d’ambiance (d’intérieur ?) que Blonde Redhead dévoile ici. Une musique intimiste qui laisse vagabonder les pensées, les échos, se fixer sur de vagues souvenirs avant de digresser. À la fin, on ne sait plus où l’on en était au début, et cela tombe bien car c’est l’heure de passer à table.