23 Avr 12 Blockhead – « Interludes After Midnight »
Album
(Ninja Tune)
30/04/2012
Downtempo périmé
En musique, le temps est quelque chose contre lequel il est difficile de lutter. Pour prendre le dessus sur lui, il faut savoir continuellement se renouveler tout en s’adaptant aux courants qui se succèdent et qui font de la grande majorité des mélomanes de gentilles girouettes aux humeurs changeantes. Comme la quasi totalité des producteurs qui ont fait l’actualité electro hip hop downtempo des années 90, Blockhead est de ceux là. Il y a trois ans, quand est sorti « The Music Scene« , on se disait alors que le talentueux bidouilleur était en bonne voie pour ne plus seulement être celui à avoir offert à Aesop Rock ses meilleurs albums. On attendait donc logiquement que « Interludes After Midnight », sa toute nouvelle livraison, enfonce le clou pour de bon, et l’extirpe définitivement de cette nébuleuse de producteurs luttant continuellement pour ne pas boire la tasse fatale. N’y allons pas par quatre chemins: en 2012, Blockhead fait sérieusement flipper. En effet, si ce n’est pour les plus increvables nostalgiques dont la tête bouge encore instantanément au moindre son d’un beat, d’une basse et d’un sample, difficile ici de voir quelque chose de vraiment nouveau pointer à l’Ouest. Certes, ce nouvel opus soigne ce groove propre au bonhomme, repose sur une richesse musicale appréciable (parfois trop même, comme sur « Never Forget Your Token »…), décroche ici ou là le sample qui fait la diff’ (« Creeps Crouchin' », « Escape The Meadow »), mais impossible durant cette douzaine de titres de s’imaginer à une autre époque que les années 2000 ou l’on s’enthousiasmait à n’en plus finir dès qu’un mec un peu inspiré torchait un album dans sa piaule. Pire, avec des titres comme « Panic In Funkytown » ou « Smoke Signals », on se croirait presque noyé dans une nuée de touristes venus déjeuner au Buddha Bar, accueillis en grande pompe par des danseuses orientales. Forcément, après cela, Blockhead peut toujours s’appliquer à bien mieux faire (« Hungover Like Whoa », « Tools Of The Industry »), il ne parviendra jamais à nous enlever de l’oreille cette musique un peu périmée. Déception.
En écoute
En écoute intégrale
Tweek
Posted at 23:29h, 26 avrilDéception partagée…