black midi – ‘Schlagenheim’

black midi – ‘Schlagenheim’

Album / Rough Trade / 21.06.2019
Indie noise rock

La presse a beau régulièrement s’enticher d’un nouveau groupe et redoubler d’éloges pour en faire the next big thing, ce qui arrive à black midi n’entre pas dans les clous du poulain habituel tant ces quatre londoniens sont incroyablement doués, exigeants et matures pour leur âge. En effet, alors que beaucoup se seraient empressés de surfer sur le buzz, de mitrailler les nouveaux titres pour ne surtout pas perdre leur place, ces petits génies ont d’abord pris soin de conforter leur réputation en live, avant de prendre tous les automatismes à contre pied : singles au compte goutte, Eps en édition très limitée uniquement disponibles sur leurs concerts, et un premier album annoncé seulement un mois avant sa sortie sont autant de traits de caractère d’un groupe bien décidé à ne pas faire comme tout le monde, surtout en musique.

Pointu mais accessible, expérimental mais captivant, black midi peut bien revendiquer tous les styles de musique comme inspirations, il signe un premier album qui – même si on peut y déceler du Shellac, McLusky, Swans ou Slint – ne ressemble à aucun autre. Et peu importe s’il force parfois le trait jusqu’à manquer d’humilité (Years Ago), le groupe – rendu serein par son impeccable maitrise – impressionne par sa quête continue de nouvelles directions à prendre (Western), comme par son goût du risque et sa facilité à se jeter tête la première dans des compositions alambiquées dont lui même ignore la profondeur (Reggae). Avec la spontanéité qui est la leur sur les planches, les anglais alignent donc neuf titres mouvants, ou punk, noise, math rock, indie rock, et post rock combattent à armes égales dans une anarchie malgré tout bien canalisée, affichée dès l’entame 953.

Bourré de forces à peine diminuées par quelques erreurs de jeunesse bien compréhensibles, Schalgenheim peut compter sur les traits atypiques de ses géniteurs, à commencer par la voix aiguë et nasillarde d’un Geordie Greep hésitant souvent entre un chant parlé ou crié. Pour se cadrer, le cowboy peut compter sur son compère guitariste de toujours Matt Kwasniewski-Kelvin, sur les lignes de basse post punk de Cameron Picton (Near DT, MI), sur ses choeurs (Speedway), mais surtout sur l’impressionnante solidité rythmique de son batteur Morgan Simpson, jamais désarçonné par les pulsions bruitistes de ses camarades (Western, le génial bmbmbm qui a tout déclenché).

S’il a parfois l’arrogance de sa jeunesse, black midi impressionne tout au long d’un premier album débordant d’idées, qu’il a bien pris soin de toujours garder digeste malgré ses penchants avant gardistes. Car c’était le piège qui tendait grand les bras à ce quatuor formé sur les bancs de la Brit School, école d’art londonienne : une mise en pratique démonstrative, technique et sans âme de tout le savoir accumulé durant l’adolescence. Il n’en est rien : Schlagenheim est un sérieux avertissement lancé à tous les groupes ronronnant qui, du plus indie au plus mainstream, pourraient soudainement voir leur rock rendu fade par tant de challenge. Reste désormais aux londoniens à continuer de tous tirer dans le même sens, et peut être simplifier le propos pour devenir une des seules next big things à convaincre sur la durée.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
953, Near DT, MI, Western, bmbmbm


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