30 Jan 20 Black Lips – ‘Sing In a World That’s Falling Apart’
Album / Fire / 24.01.2020
Country punk
À côté de chez moi, la rue du Pôle Nord n’a jamais aussi bien porté son nom ni honoré les températures extérieures que les joyeux drilles des Black Lips peuvent, un jour de pleine canicule à Austin, manier le Stetson avec talent. Leur nouvelle galette (terme loin d’être galvaudé si l’on se fie à leur réputation), Sing In A World That’s Falling Apart est justement un traité de rock country comme il n’est pas commun d’en entendre de nos jours.
Hooker Jon met tout de suite dans le bain d’un americana qui fait le trottoir, convoquant en quelques minutes et d’un propos braillard la mythologie des States. Des States en marge, passant par l’inévitable route 66 et les autoradios qui crachent ‘Georgia On My Mind’ (Georgia). L’harmonica se joue les dents cassées, comme sur l’entraînant Rumbler qui donne envie de laisser tomber le rocking chair grinçant et de taper des mains en rythme. Le titre renoue aussi avec la tradition de la chorale punk à haute teneur en sale gossitude propre aux Black Lips des années 2000.
Sing In A World That’s Falling Apart est très connoté – on en vient parfois à se demander à quel moment la bande de Cole Alexander et Jared Swilley se mettra à dénoncer l’intervention américaine au Vietnam, big up G.I. Joe – pourtant tout fonctionne parfaitement. Le swing d’Angola Rodeo a un déhanchement imparable, situé en plein glam entre le Get It On de T-Rex et le Time Warp du Rocky Horror Picture Show et la ritournelle de sortie de saloon, la très beuglée Live Fast Die Slow, délivre un flot de fin de soirée libérateur entre deux relents de whisky.
Depuis quelques albums déjà, le songwriting des Black Lips s’est affiné tout en restant conforme au foutoir général qui les caractérise si bien. Sur le fil, un poil bipolaire (Gentleman et Dishonest Man), la country dos au mur, ils jettent ici une lumière avinée sur leurs histoires plus sensibles qu’il n’y paraît. Les ballades (Get It On Time) ont toujours les côtes un peu fêlées et la voix écorchée, mais l’émotion est palpable et témoigne d’un vrai travail derrière.
Sing In A World That’s Falling Apart se vit comme une soirée, avec ses moments de solitude, d’excitation et de communion. Chanter dans un monde qui part en couilles. L’intention est plutôt aguicheuse, pourvu qu’elle se braille fort, alors allons-y gaiement et offrons à la rue du Pôle Nord de quoi se réchauffer dangereusement.
A ECOUTER EN PRIORITE
Locust, Rumbler, Georgia
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