Black Lips – ‘Apocalypse Love’

Album / Fire Records / 14.10.2022
Country punk

Aussi barges qu’ils soient, la longévité des Black Lips reste étonnante. Comme si on avait d’instinct prédit qu’ils s’arrêteraient nets bien avant tout le monde, au bord de l’épuisement avant d’avoir pu en profiter. Cools kids, chantres d’un garage rock inventif et furieux avant de virer cowboys de bitume… Ils se sont frottés à mille atmosphères (et s’y sont bien piqués), toujours avec réussite.

Cette fois-ci, ils sortent totalement du giron Vice pour rejoindre les rangs autrement plus classes de Fire Records et livrent Apocalypse Love, un album mi-fougue mi-raison qui ne manquera pas de dérouter leur public le plus assidu. Rompus à l’exercice des variations foutraques, les Black Lips reviennent avec une sorte de country-punk déviant.

Love Has Won et son rythme de far west est peut-être le titre qui ressemble le plus à ce à quoi les Black Lips nous avait habitués. Un morceau à la Rumbler ou Gentleman qui, sur le précédent album, trempaient déjà bien dans un rock de saloon, avec ces chœurs imbattables qui les transforment instantanément en hymne. Mais là, Lost Angel ne rigole plus, versant dans une ambiance de western assez eighties avant de céder la place à Whips of Holly dont les sonorités exotiques sont plus inhabituelles.

De manière générale, ce dixième album studio garde un pied dans le second degré mais a une mine un peu plus sérieuse, chose rare chez les Black Lips. Le saxophone chancelle toujours autant en fond (Sharing My Cream), offrant aux morceaux sur lesquels il se balade une consonance (ou dissonance, c’est selon) de fin de fanfare bourrée, de retour au bercail qui a la fête triste.

Au final, la bande d’Atlanta ne lâche rien et revient de nouveau sur le devant de la scène, deux ans après Sing In A World That’s Falling Apart, mais elle renvoie ici un disque plus mitigé. Pas désagréable à écouter sur le coup mais où il manque quand même l’étincelle qui donne envie de le remettre sur les platines et de s’en donner à cœur joie. Après tout, ils se font vieux aussi.