Birds In Row – ‘We Already Lost The World’

Album / Deathwish / 13.07.2018
Hardcore écorché

La musique prime avant les hommes. L’adage peut paraître simpliste mais Birds In Row a toujours préféré en découdre derrière ses instruments, au plus près de son public, plutôt que se noyer dans les reflets ou les postures. Depuis 2009, les lavallois sillonnent le monde en totale indépendance, à renfort de dates à n’en plus finir, déversant sur leur passage un hardcore flamboyant qui n’a cessé de gagner en maîtrise avec le temps. Repéré par le label américain Deathwish Records (Converge, Touché Amoré, Self Defense Family…) qui signe coup sur coup Me You And The Violence (2012) et Personal  War (2015), le groupe, plutôt que de s’endormir sur sa nouvelle notoriété, enfonce le clou cet été avec We Already Lost The World.

Plus assagis mais toujours aussi lumineux, ils composent – avec un nouveau bassiste – un album brouillant les frontières entre le hardcore et le post punk. On y perçoit une mélancolie poignante, des mélodies accrocheuses, des appels d’air sans issue de secours, et surtout l’engagement entier avec lequel le combo donne son corps à la cause. En résulte neuf titres magnifiés avec classe par le son de la Rickenbacker de son frontman, toujours à la limite de la rupture lorsque sa voix s’élève dans la tourmente (We Count So We Don’t Have To Listen, Love Is Political, I Don’t Dance, Triste Sire). Puis l’album prend une tournure magistrale lorsque le trio se penche vers des agitations plus intériorisées (We Vs Us, 15-38, Morning, Fossils), faisant alors preuve de sang-froid et de force décuplée.

S’exposant sous un nouveau visage, risquant au passage de déstabiliser quelques fans de la première heure, c’est sans faillir ni apparence trompeuse que Birds In Row rend hommage au sensible, au beau milieu des écorchures. Le combo vient ainsi asseoir sa classe au côté des références internationales du genre punk-hardcore, assuré d’une expérience scénique solide où la justesse de son propos se retrouve augmentée. Impressionnant et bouleversant à la fois, We Already Lost The World trouvera aisément sa place au dessus de la pile des sorties de l’année.