Binidu – “Yes!”

Binidu – “Yes!”

Album
(Kythibong)
19/06/2013
Noisy math pop

Fruit du métissage indie rock du Grand Ouest de la France, Binidu déboule avec “Yes!”, un premier album frappé d’une pochette aux contours régionalistes bon-enfants sur fond de lac savoyard, histoire de froisser la carte, brouiller un peu plus les pistes, et afficher illico un second degré qui ne va plus quitter le trio jusqu’à sa dernière note. Parce que s’il est possible d’avoir ce type d’hallucination sur un marché de Saint Alban de Montbel ou sur le stand d’un groupe de baluche local, peu de chance que vous y trouviez l’un des disques des trois gai-lurons composant ce nouveau venu né de l’émulsion noise math rock français. Ou alors je me fais guide de haute montagne.

C’est donc un profond mystère qui entourait l’arrivée de “Yes!”. Et pour cause: alors que Vincent Dupas excelle dans les extrêmes, entre le folk de My Name Is Nobody et la rage communicative de Fordamage, les deux autres ne cessent de faire crisser les frondes math rock de Pneu dont l’intensité n’a jamais laissé beaucoup de place à un troisième larron, encore moins au chant. Le titre donne alors le ton: Binidu ne dit non à rien, laisse son premier opus s’imprégner de la bonne humeur, de la liberté, de la fraîcheur, de l’humour, comme de l’expérience des diverses personnalités qui le composent, pour finalement aligner sept titres assez imprévisibles, auxquels on adhère ou non après certain un temps d’acclimatation, mais qui ont incontestablement le mérite de ne sonner comme aucun autre.

Loin du mélange auquel on pouvait s’attendre, le groupe ne cesse alors d’abattre ses cartes. Si on l’entend ici privilégier le chant mélodique et céleste de Dupas quitte à laisser Binidu rouler quelques minutes sur la jante (l’entame de “Cameras And Balloons”), là préférer se reposer sur une transe rythmique (“Very Nice Swim”), ce premier album affiche toujours une osmose, certes encore un peu bancale (“Underwater”), mais assez prometteuse pour laisser entrevoir ce dont ces trois-là sont capables si on leur laisse le temps de se trouver (“Fake Money”, “Losing My Voice”). Une certitude renforcée quand la touche de chacun contribue équitablement à la richesse des deux réussites rythmiques et mélodiques que sont “Catch Your Plane” et “Kings”. Disponible uniquement au format vinyl chez l’excellent label Kythibong.

En écoute


1 Comment
  • Charbu
    Posted at 20:03h, 30 août Répondre

    Bien dit.

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