
13 Jan 23 Billy Nomates – ‘Cacti’
Album / Invada / 13.01.2022
Synthpop Post-punk
Sous la coupe du label Invada depuis ses débuts, Tor Maries – le petit bout de femme actrice-compositrice, productrice et multi-instrumentiste qui se cache derrière le nom de Billy Nomates – y a sorti un premier album en 2020, privé de toute résonance par la pandémie. Assez néanmoins pour attirer l’attention de quelques radios et artistes influents, parmi lesquels Iggy Pop, Florence Welsh, Steve Albini ou Jason Williamson. C’est d’ailleurs grâce au soutien du célèbre postillonneur avec qui elle partage sans conteste un goût pour les prestations live épurées et habitées d’une réelle énergie rock n’roll, que l’Anglaise a vu sa notoriété grimper. Dès lors tournée dans le bon sens de la pente, elle a pu prendre le temps de confectionner une suite toute aussi DIY mais à l’envergure nettement plus convaincante, à l’écriture plus affutée, et à la production proportionnelle aux ambitions désormais affichées. De fait, elle signe là un album plus accessible et plus pop, volontairement plus éloigné de l’esthétique post-punk jusqu’alors prédominante.
Mais Billy Nomates n’est pas passée pour autant du côté le plus lisse de la musique. En chantier pendant plus d’un an, Cacti est né lui aussi de bidouillages, d’expérimentations à base de boites à rythme, de claviers, synthés et pianos en tout genre, afin de dessiner les décors de textes bordés de vérités et d’humour noir. Le temps de ces douze titres, la demoiselle de Bristol revient sur les traumatismes de la pandémie, en profite pour aborder quelques thèmes plus politiques, pointer du doigt l’austérité et les inégalités qui sévissent dans nos sociétés, le tout sans jamais s’interdire de dévoiler en filigrane un peu de son expérience, de ses réflexions, et de sa santé mentale. Sans ambages, l’Anglaise aborde ainsi sa tendance à l’auto-destruction (le désabusé Saboteur Forcefield), ou s’attaque aux êtres dominateurs érodant sa propre confiance (Spite).
Cette grande diversité de paroles a semble t-il poussé Billy Nomates à leur trouver un écho dans les multiples ambiances de ce deuxième album. Et c’est certainement la raison pour laquelle, cohérent de bout en bout y compris lorsqu’il opte pour quelques ballades osées mais réussies (Roundabout Sadness, Fawner), Cacti possède toutes les cartes dans son jeu : celles de l’énergie et de la spontanéité new-wave (Balance is Gone), du romantisme dansant de la synthpop (Black Curtains in the Bag, Blue Bones, Saboteur Forcefield), des mélodies pop (Same Gun), et de la rugosité post punk (Spite, Vertigo). A peine trentenaire, Tor Maries n’a pas connu les années 80, pourtant tout dans cet album – dont on peine à se lasser – les rappellent indubitablement. Comme biberonnée à la rage de Sleaford Mods et la mélancolie de Future Islands, la très attachante Billy Nomates décroche enfin toute l’attention qu’elle mérite.
A ECOUTER EN PRIORITE
Balance is Gone, Blue Bones, Saboteur Forcefield, Spite, Fawner, Vertigo
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