
03 Mai 24 Billions of Comrades – ‘TROTOP’
Album / Rockerill – Black Basset / 12.04.2024
Indie dance punk
Infatigable, Billions of Comrades semble définitivement l’être. Dès Tetons, entrée en matière de ce nouvel album, le quatuor reprend les choses là où il les avait laissées en 2016 avec Rondate et un dance punk frénétique rappelant par moments Q And Not U, les chefs de file du genre qui, comme lui, plaçait au tout premier plan un chant aussi percutant qu’aigu. Comme à leur habitude, les Belges continuent de varier les plaisirs et d’affiner leur art de la digression, s’éloignant toujours plus nettement des contours de la scène electro-math-rock dont ils sont issus.
Les sept titres de Trotop n’ont ainsi de cesse de zigzaguer entre moult genres musicaux, allant même jusqu’à convoquer certains de leurs clichés respectifs. L’exemple le plus flagrant reste probablement Our Hours, déjà sorti en 2021, avec lequel la bande passe – littéralement – à la trap, n’oubliant pas pour autant de venir poser des riffs massifs et se payant même l’improbable luxe d’inviter le légendaire Mike Watt (The Stooges, Minutemen) à poser son spoken-word. Dans le genre, Cab Aalo Pam n’est pas en reste : imaginez un peu le groove et la totale décomplexion de !!! (Chk Chk Chk) parés de mélodies chiptune, le tout entrecoupé d’explosions guitaristiques pas si éloignées du grindcore…
De manière générale, un tel niveau de diversité et d’excentricité évoque assez rapidement le cas Mr Bungle même si, mis à part les passages centraux marqués jazz-psyché de 1480 et Unitá qui n’auraient pas dépareillé sur Disco Volante, la comparaison avec le groupe originaire d’Eureka s’arrête là. Et à la réflexion, un rapprochement avec leurs compatriotes de MMUURR semble plus évident, tout du moins pour ces textures tant organiques que synthétiques et ce côté barjot sans limite qui irradie chaque recoin de l’album.
L’état d’esprit des Flamands de The Guru Guru n’est pas bien loin non plus car, malgré l’auto-dérision présent en façade, Billions of Comrades n’a pas abdiqué la défense de ses réflexions sociales, notamment sur l’isolement lors du confinement (Our Hours), les violences policières (Scab Aalo Pam) ou les notions de consentement (Boomgang) et d’empathie (Unitá). Mais il faut bien le reconnaître : les messages délivrés ici – dont certains en italien et espagnol – ne sont pas toujours intelligibles tant le chant est avant tout utilisé comme un instrument supplémentaire. On l’aura compris : Billions of Comrades semble s’être avant tout fixé pour objectif de fédérer le maximum de ‘camarades’ (justement…) dans la danse grâce à cette véritable orgie sonore aussi déconcertante de prime abord, que libératrice…
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