
13 Jan 24 Bill Ryder-Jones – ‘Iechyd Da’
Album / Domino / 12.01.2024
Folk orchestral
Artiste complet, chanteur, multi-instrumentiste, producteur… Depuis qu’il navigue en solitaire, Bill Ryder-Jones n’a jamais été aussi musicalement épanoui. L’ex-guitariste de The Coral est l’auteur de quatre albums studio au songwriting immaculé, entre folk nostalgique à orchestre (A Bad Wind Blows In My Heart) et musique à guitare électrique rêche et désabusée (West Kirby County Primary). Iechyd Da, le petit cinquième, se présente comme le successeur optimiste de cet ensemble aussi émouvant qu’accablant, façonné à l’image de la vie tourmentée du musicien.
Le mot optimiste, inhabituel dans une description de la musique de Bill Ryder-Jones, n’apparaît pas ici par hasard. Après la beauté dévastatrice de Yawn et de son jumeau acoustique Yawny Yawn en 2018-19, suivie des affres de la pandémie et d’une rupture difficile, l’artiste fraîchement quadragénaire a tapé un grand coup depuis le fond, en quête d’un air vivifiant. I’m still lost but I know love / And I know loss but I chose love : dans Thankfully for Anthony, l’Anglais chante ses états d’âme d’une voix qui a rarement retenti avec autant de fragilité et paradoxalement d’assurance. À la manière de la musique soul qui célèbre depuis toujours une forme de ‘tristesse joyeuse’, This Can’t Go On est bâtie sur une orchestration aussi grandiose que mélancolique. Les chœurs d’enfants présents dans plusieurs titres, dont le lumineux We Don’t Need Them, rappellent le carnet de reprises des années 1960 du Langley Schools Music Project et son innocence enchanteresse. Avec l’idée de ne pas subir perpétuellement les coups durs de la vie, mais de chercher le réconfort auprès de ses proches et en soi-même, ces treize titres tendent à construire un équilibre apaisé entre résilience et espoir.
Il est évident que certains intitulés, qu’une poignée de lignes dans le texte, et même plusieurs arrangements pour piano et cordes font écho à d’autres morceaux issus des albums précédents – des éléments qu’on retrouve en particulier dans A Bad Wind Blows In My Heart Pt.3 et Christinha. Mais au-delà des références à son propre passé, les liens que tisse Ryder-Jones entre ses compositions d’hier et d’aujourd’hui viennent étoffer une œuvre attachante qui ne manquait déjà pas d’intimité. Iechyd Da (pour santé en gallois) sublime ainsi la vulnérabilité d’un homme qui sait mieux que personne combien l’indélébilité du traumatisme et de la mélancolie qui en découle ne peut jamais complètement boucher l’horizon.
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