Bill Callahan – ‘Shepherd in a Sheepskin Vest’

Bill Callahan – ‘Shepherd in a Sheepskin Vest’

Album / Drag City / 14.06.2019
Folk

Sa trajectoire musicale étant en constante évolution, et la première écoute d’un de ses disques s’accompagnant souvent de l’enthousiasme de la découverte, on pourrait partir du postulat qu’un album de Bill Callahan est forcément bon. Pour mesurer l’amplitude de l’épopée accomplie par le leader de SMOG, il suffit d’écouter à la suite un titre de Sewn To The Sky (Fruit Bats, par exemple), et un autre issu de son dernier effort (What Comes After Certainty). Entre les deux, presque trente années offrant un contraste très progressif entre le son ultra lo-fi d’une chambre de bonne, fait d’accords hasardeux, d’une voix éraillée, d’un ensemble teinté d’amertume et d’anxiété profonde, et l’apaisement général qui nous est proposé ici, tant au niveau de la production que de la chaleur vocale. Le fil reliant les deux extrêmes de la carrière musicale de Bill Callahan serait à chercher du côté de la poésie des textes et de l’authenticité des sentiments qui y sont transcrits, comme de l’humour ironique qui foisonne sous sa plume.

L’artiste a commencé sa carrière par des sorties on ne peut plus crépusculaires. Trente ans plus tard, il nous offre un album teinté d’une lumière d’aube, après l’apocalypse. Shepherd In A Sheepskin Vest est pour ainsi dire entièrement acoustique. On pourrait le ranger dans la catégorie des albums sans âge. Les arrangements prennent leurs distances avec le monde indie et vont creuser du côté de la musique improvisée, voire du jazz (la contrebasse sur Camels). Callahan se joue finement des références pour mieux les faire voler en éclat, notamment dans ses paroles : ‘I cut down the pines of where did you sleep‘ entend-t-on sur Shepherd’s Welcome. L’américain s’imagine donc en bûcheron taillant les pins d’un héritage musical allant de Leadbelly à sa reprise Unplugged par Kurt Cobain. On l’entend ensuite parodier les Beatles sur le très beau Angela – ‘I’m as free as a mocking bird‘ – sur lequel on reconnait aussi les arpèges acoustiques qui ont fait l’ADN de Callahan depuis qu’il ne signe plus ses disques sous le nom de SMOG.

C’est un nouvel univers qui s’ouvre pour le texan d’adoption. Ainsi, l’album est intégralement traversé par des notions qui peuvent sembler étrangères au prodige de Drag City : le monde nouveau de la paternité , l’amour certain, chanté par un homme qui nous avait plutôt habitué à mettre en musique sa marginalité et ses échecs amoureux. Le teenage spaceship de Knock Knock est devenu père, est en train d’accepter ces changements, comme il nous en faut pour adhérer aux nouveaux registres poétiques de ce double album, néanmoins imbibé des ombres d’antan. Mais, après quelques écoutes seulement, la poésie de Callahan parvient sans mal à faire sortir ce nouveau monde du brouillard pour nous le rendre familier, et ainsi finir de nous convaincre.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Angela, 747, Circles


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