Bill Callahan – ‘Gold Record’

Bill Callahan – ‘Gold Record’

Album / Drag City / 04.09.2020
Folk

Pas loin de 13 années séparent Diamond Dancer, le premier single de Bill Callahan post-Smog, de Gold Record, nouveau venu de la rentrée chez Drag City. Les minéraux précieux en guise de fil conducteur caché, le songwriter arpente ses propres terres et continue de creuser un sol de plus en plus dépouillé, presque aride. Après avoir trouvé ses racines de cowboy dans la sécheresse des sols américains, Bill a décidé de piocher plus profondément, trouvant des galeries qu’il est seul à connaitre. Cela apporte au disques ces arrangements inattendus, cette production lointaine, ou l’on entend à l’arrière plan des sonorités inhabituelles dans ce registre.

Callahan ne se retrouve plus dans les livres qu’il lit, peut être parce qu’il est allé chercher plus loin que les autres. Il a ce sens des punchline poétiques de haute voltige : ‘I can’t see myself in the books I read anymore’ (35). Un condensé ressenti sur le recul de l’âge, la mise à distance, et une forme grandissante de désinvestissement. Mais cette formule est également celle de sa propre marginalité. Rien d’étonnant à ce que, la cinquantaine dépassée, le teenage spaceship des nineties ait du mal à s’identifier à autrui.

On lit un album de Callahan tout autant qu’on l’écoute. Surtout quand celui ci commence par un ‘Hello, I’m Johnny Cash‘ qui sonnerait présomptueux chez n’importe quel autre songwriter. On lira ainsi sa quête d’identification dans les livres, son protest song, d’une douceur tendre et exaspérée par le marketing de la protestation : ‘I protest his protest song’, ou encore au personnage du cowboy fléxitarien qui mange de la viande une fois par semaine. On lira également avec un sourire la manière qu’a le chanteur d’Austin de finir des phrases énoncées vingt ans plus tôt : Let’s start a … family / Let’s have a… baby, fin de phrases données à la conclusion de ce Let’s Move To The Country commencé sur Knock Knock en 1999 et terminé sur Gold Record en 2020.

On peut donc lire le livret de paroles de ce nouvel album comme on lirait un recueil de courts poèmes, jusqu’à sa très belle conclusion sur As I Wander. On peut aussi se laisser porter par l’ensemble de l’enregistrement qui invite à être écouté au calme, idéalement dans un ranch texan, avec un verre de bourbon. Avec une aisance déconcertante, on arrive à se reconnaitre où à se projeter dans les textes et la musique de celui qui ne se reconnait plus dans les livres. Ça mérite bien un disque d’or.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Pigeons, 35, The Mackenzies, Cowboy


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