Biche – ‘La Nuit des Perséides’

Biche – ‘La Nuit des Perséides’

Album / Banquise / 26.04.2019
Psyché à la française

Alors qu’on les voyait déjà lorgner sans vergogne et à long terme du coté de Tame Impala, les parisiens de Biche surprennent en dévoilant bien plus de profondeur, de malice et de cartes à jouer que nous aurions pu l’espérer. Le quintet, fondé par Alexis Fugain (fils de Michel), a semble-t-il décidé de prendre son temps pour accoucher de son premier album, et c’est finalement dans la douce tranquillité d’un studio d’enregistrement situé dans une forêt des Yvelines en région parisienne, que le groupe a pu trouver sérénité et inspiration. Un endroit rêvé pour contempler les étoiles après le coucher du soleil, puisque c’est un peu de cela dont il s’agit sur La Nuit des Perséides.

C’est au soleil couchant que démarre cette insouciante aventure nocturne (Le Déclin) et aux aurores qu’elle se conclue (Mon Morceau Préféré). La nuit comme refuge pour échapper à la réalité parfois angoissante et asphyxiante du quotidien ? C’est un peu ce qu’essaye de nous confier le leader du groupe dans ce disque en explorant de façon narrative et contemplative tout ce que le calme d’une nuit étoilée peut bien nous offrir, notamment cette idée de perdre toutes notions de temporalité et de réalité. Une narration merveilleusement soignée qui s’accompagne d’une orchestration toute aussi sublime et feutrée. Les Beatles en référence évidente, c’est en allant puiser également du coté de Stereolab, Vanishing Twin, Chris Cohen ou encore Jacco Gardner que Biche trouve enfin son terrain de jeu, sans pour autant en oublier ses compatriotes francophones aux cotés desquels le jeune quintet parisien se place désormais, triomphant, suivant la grande tradition de la pop psychédélique française. De François de Roubaix à Julien Gasc, du duo Gainsbourg/Vannier à Forever Pavot, la bande d’Alexis Fugain a trouvé l’écrin parfait pour l’aider à mettre en musique les images qui alimentent son imaginaire. Des orgues et des claviers chaleureux, des guitares qui ont du caractère et une batterie bien appuyée font de sa musique un cocon résolument 60’s où il est agréable de se poser pour flâner aussi longtemps qu’il le faudra, le disque étant aussi une véritable ode aux bienfaits et à la nécessité souvent mésestimée de la paresse (L’Essor).

Chacun trouvera dans cet album une porte qui lui permettra de rentrer dans l’univers du groupe, que ce soit dans le groove accrocheur et dissonnant de Kepler Kepler, dans l’aspect quasi cinématographique du morceau Le Laboratoire, ou dans les envolées magnifiques de Fugue, sans nul doute le titre qui résume le mieux l’ensemble du disque. A une époque où il semble de plus en plus normal que les choses se réalisent très vite, ces jeunes musiciens ont pris six ans à réaliser La Nuit des Perséides, un temps finalement nécessaire pour constituer une œuvre de toute beauté, et définitivement l’une des pépites française de 2019.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Fugue, Kepler Kepler, Film Noir, L’Essor, As-Tu Peur du Matin, Mon Morceau Préféré


Tags:
,
No Comments

Post A Comment