16 Juin 08 Bernie Worrell – « Improvisczario »
[Album]
16/06/2008
(Godforsaken Music/Nocturne)
S’il s’est souvent trouvé dans l’ombre de son acolyte George Clinton, père fondateur des groupes mythiques Parliament et Funkadelic (réunis sous l’abréviation « P-Funk »), Bernie Worrell n’en reste pas moins l’une des plus grandes figures du funk des années 70, faisant vibrer les claviers par son exceptionnel sens des harmonies et du rythme. Egalement membre de Talking Heads et fondateur du combo de funk-jazz The Woo Warriors, Worrell affiche une personnalité artistique difficilement égalable dans ses nombreux projets et collaborations (restitués notamment dans le très bon documentaire de Philip Di Fiore qui lui est consacré, « Stranger: Bernie Worrell On Earth »), passant avec une agilité de funambule des rythmiques basiques du funk aux élans improvisés du jazz ou au lyrisme de l’opéra classique. « Improviscazario », album entièrement instrumental enregistré en 2007 par ce fils spirituel de Thelonious Monk, accompagné pour l’occasion de Will Calhoun à la batterie et de Brett Bass à la basse, est incontestablement à l’image de son géniteur: éclectique, précis et audacieux, tout en gardant une coloration P-Funk inimitable. La tradition des années 70 est ainsi mise à l’honneur dans le titre d’ouverture « New Boss », alliant la rythmique caractéristique du funk, consistant à mettre l’accent sur le premier temps de la mesure (appelée judicieusement « The One » par James Brown), au son profond et jazzy du piano acoustique. Worrell mêle également sa riche expérience du genre à des accents orientalistes brillamment évoqués dans « Up In The Hills » (feat. Mike Gordon), ou à des riffs de guitare électrique délicieusement crasseux, posés par Warren Haynes dans les étourdissants « Dirty » et « Killer Mosquito ». « Improvisczario » évolue ainsi tout en finesse vers les confins du jazz expérimental et mouvant (l’influence de Miles Davis n’est jamais bien loin, comme l’illustre à merveille « Ok, You Can Leave Now »), pour conclure en beauté sur un sublime « Celeste », berceuse alternative venant rappeler la formation classique de Worrell. Du haut de ses sept titres, ce pamphlet sonore mené par une virtuosité implacable ébouillante ainsi l’auditeur par son groove frénétique et contagieux, témoin d’une musique résolument libre et hédoniste qu’on aimerait entendre plus souvent tourner dans nos platines..
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