01 Fév 19 Beirut – ‘Gallipoli’
Album / 4AD / 01.02.2019
Indie folk
Plus d’une décennie après l’immense succès de The Flying Club Cup et des successeurs moins convaincants, on se demandait ce que nous réservait Beirut et son troubadour itinérant Zach Condon. Gallipoli résulte d’une chute fortuite de ce dernier dans un skate-park de Brooklyn : un événement visiblement traumatisant qui le décida à fuir le tumulte de New York pour répondre aux appels de la passionnante cité berlinoise. Après quelques jours en immersion à Berlin, il décida de s’y poser pour de bon, lassé par la politique américaine et le coût exorbitant de la vie new-yorkaise.
Les morceaux d’ouverture When I die et Gallipoli nous font remonter le temps, nous renvoyant plus précisément 12 ans en arrière. La magie de l’orgue Farfisa, qui avait autrefois appartenu à un vendeur ambulant avant de nourrir les albums Gulag Orkestar et l’indispensable The Flying Club Cup, opère à nouveau. Les sons feutrés, les accords délicats d’ukulele et la fanfare toute en nuances de Varieties of Exile ne feront pas mentir cette impression initiale. Sans atteindre la richesse des compositions datant d’il y a une décennie, il faut bien admettre que cette voix, ces ambiances lancinantes et familières nous avaient manqués.
Si On Mainau Island, ses sons foutraques et clochettes aiguës, dépeint des ambiances moins familières, le Beirut des débuts n’est jamais loin. Aux côtés de Nick Petree (batterie) et Paul Collins (basse), l’américain explore diverses sonorités, exploitant le moindre grincement. Gauze fur Zah est presque liturgique, vraisemblablement inspiré par la religiosité de la petite bourgade qui donne son nom à l’album. Quelques accords de piano plaqués, une trompette bien sentie sont relayés par la voix mélancolique de Condon et des chœurs célestes. On perçoit toutefois au travers de ce morceau les velléités exploratrices de Condon puisque, passée la moitié du morceau, il nous emmène dans des ambiances planantes ponctuées de sons étranges. Corfu qui suit directement confirme cette volonté de diversification et ce désir de nous immerger dans des ambiances plutôt que des morceaux construits. Un bémol néanmoins : la deuxième partie de l’album est moins prenante, moins aboutie.
Cette cuvée Gallipoli s’est bonifiée au rythme des processions religieuses de la chaîne des Pouilles. Sans fondamentalement révolutionner l’œuvre de Beirut, l’album marque un plaisant retour aux sources et confirme que c’est dans cette veine qu’il excelle, tant les lamentations orchestrées de Zach Condon font encore mouche aujourd’hui. Pas mal pour un artiste qui n’a jamais que 32 ans…
A ECOUTER EN PRIORITE
When I Die, Gallipoli, Gauze fur Zah
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