Beak> – « >> »

Beak> – « >> »

beak180Album
(Invada)
02/07/2012
Kraut 2.0

Si, pour une majeure partie de la population, 2012 fut l’année de Michel Telo, d’autres la verront plutôt marquée du sceau de Geoff Barrow. En effet, ces derniers mois, le producteur de Portishead n’a cessé d’accumuler les projets avec un flegme britannique déconcertant: la sortie d’Anika a été saluée par tous, le projet Quakers fut une des plus grosses claques hip-hop de l’année, à l’instar de « Drokk », symphonie synthétique originellement conçue avec Ben Salisbury pour le prochain  »Judge Dredd », et finalement reléguée au rang d’excellent side-project. Ajoutez à cela que le label Invada Records – tenu de mains de maitre par le bonhomme – se charge de la sortie vinyl du désormais score de  »Drive », et vous obtenez déjà l’équivalent d’un triple A. C’était sans compter Beak> dont le premier opus avait frappé par sa classe il y a déjà trois ans. Alors que nous pensions qu’il ne s’agissait que d’un one-shot propice à l’enchainement d’une belle tournée, le trio est finalement de retour. Contre toute attente puisque Barrow lui-même expliquait récemment que la session studio d’il y a deux ans n’avait pas été concluante en raison d’une atmosphère guère propice à de nouvelles improvisations.

Car, comme ce fut le cas pour Grinderman en son temps, les propositions de Beak> sont le fruit de sessions entre le Portishead, Matt Williams (Team Brick) et Bill Fullet (Fuzz Against Junk). À ce titre, ce nouvel album s’inscrit dans la digne lignée de son prédécesseur, conjuguant le vocabulaire commun au krautrock et au post-punk, incarné par les lignes répétitives, l’ampleur des nappes de synthétiseurs, et les basses vrombissantes.  Sans artifice et enregistrés en direct, les titres de « >> » se jouent des formats, trouvent leur perfection dans l’erreur et l’épure. Le mix analogique accorde énormément d’espace entre les instruments et, de nouveau, le trio se plait à plonger son auditoire dans une torpeur sulfureuse et ouatée jusqu’à l’étouffement ( »Eggdog »,  »Ladies’Mile »). Des synthés dépitchés de l’introductif   »The Goal » au chant murmuré, aspiré de Barrow sur  »Wulfstan II » ou  »Elevator », « >> » désoriente. Aussi fascinant que le plus cher des paradis artificiels, son écoute se transforme alors en une expérience sensorielle particulièrement appréciable. Si le single  »Yatton », dévoilé sur la toile, laissait présager du meilleur, les deux plus belles pépites se cachent probablement au sein de  »Liar » et  »Deserters », chacune remarquable dans leur registre. Bien sûr, le disque n’échappera pas aux références Can et Neu mais il met surtout K.O les pourtant très bons The Oscillation et Carter Tutti Void. Nouvelle passerelle entre Bristol et Berlin, ce nouveau Beak> se substitue à n’importe quel psycho-actif et s’impose à nouveau comme un opus majeur, sans jamais s’épuiser. La fronde tranquille.

itunes14

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