Baston – ‘Primates’

Baston – ‘Primates’

Album / Howlin Banana / 29.11.2019
Krautrock coldwave

On pensait Baston en silence, lui qui avait impressionné en 2015 avec la sortie de Gesture, un premier EP très bien accueilli qui supposait de fait une suite plus rapide. Anciennement trio, le groupe en a plutôt profité pour recruter un quatrième membre aux synthés, aussi breton que les autres, et préparer la sortie de Primates, un premier album à l’artwork tiré du bestiaire d’Aloïs Zotl, un peintre autrichien du XIX ème siècle. Ici, l’approche de la peinture est naïve et peut évoquer les toiles du Douanier Rousseau. Le nom du groupe, le nom de l’album, et le caractère Naïf de la couverture inviteraient donc à un retour à une forme d’enfance des sensations, en conservant ce que celles-ci peuvent avoir de brutales.

C’est probablement dans cet état d’esprit qu’il faut écouter Primates. En conservant une forme de candeur, sans convoquer les éventuelles réminiscences – ici de coldwave, là de krautrock – qui viendraient parasiter l’appréciation du premier LP du quatuor finistérien. Il ne s’agit pas de comprendre les paroles, la voix volontairement sous-mixée étant noyée dans une dose de reverb impressionnante, mais justement de se laisser porter (ou prendre) par les vagues et nappes d’effets, tant sur les voix que sur les guitares.

Primates s’écoute fort et nécessite une immersion, au risque de passer à côté. Un titre comme Transept, à la mélodie aussi entrainante que cotonneuse, semble être une ode à une pop narcotique qu’on imagine facilement écouter allongé, dans une atmosphère opacifiée par diverses fumées. Pourtant, la mélodie l’emporte sur le caractère psyché, et les effets sont toujours maintenus à une dose suffisante pour ne pas les faire sombrer dans de simples méandres soniques.

En terme d’influences, certains riffs tel celui d’Arnhem ont un caractère proche des lignes les plus pop de Sonic Youth, et l’ombre de NEU! plane sur tout le disque. Mais le morceau le plus singulier du disque reste clairement Viande (tous les titres sont en un mot), dont les voix racontant des massacres domestiques et familiaux semblent montées à partir de journaux télévisés. En fond, la musique révèle son caractère anxiogène, mais la voix spectaculairement narrative, et toute en contraste avec ce qui est raconté, fait de Viande un ovni musical teinté d’humour, ou peut-être de naïveté. D’autres préfèreront parler d’immédiateté.  Sans artifices, efficace, Primates dissipe dès la première écoute, et instantanément, les éventuels doutes nés de la longue attente de cet album. Pour notre plus grand plaisir.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Primates, Transept, Viande


Pas de commentaire

Poster un commentaire