Baston – ‘La Martyre’

Baston – ‘La Martyre’

Album / Howlin Banana / 13.05.2022
Post-krautrock

Le communiqué de presse affirme que La Martyre, deuxième album de Baston, a été enregistré l’an passé dans un garage du Nord Finistère. On se permet cependant d’en douter tant ce nouvel ovni musical semble avoir été produit entre 1972 et 2018, à Düsseldorf par Neu!, à Manchester par Magazine ou encore à Bristol par Beak.

Composé à distance, en plein confinement, La Martyre aurait pu manquer de ligne directrice, voire de cohésion. Il n’en est rien. Les huit morceaux, qui font tous référence à des boites de nuit du 29, s’enchaînent avec justesse et concision, formant un tout qui donne autant à sourire qu’à réfléchir. Baston enfante devant nous, sans l’avoir véritablement souhaité, un manifeste qui s’ignore, un disque plus politique qu’il n’y paraît et un truc qui le dépasse. Neptune, aux samples probablement volés dans un épisode de Strip Tease, assume pleinement l’ennui adolescent (‘toute la semaine, ils s’emmerdent’) et l’analyse sociologique de comptoir (‘alors, maintenant, ils nous ont relancé le sida […], on est garni). Pacha parlera à tous ceux qui, un jour ou l’autre, se sont sentis seul au milieu de la foule (‘I don’t want to dance alone’). Le final de Chamade, avec ces deux ou trois potes bourrés qui braillent ‘Michel Delpech, Michel Delpech, Michel Delpech’ sur l’air de ‘On est en finale’, nous rappellera que, oui, on s’y retrouvera toujours plus à parler avec légèreté des choses graves et avec gravité des choses légères.

Improbable mille-feuille de krautrock, post-punk et soirées étudiantes, La Martyre se pose habilement comme étendard pour tous les nobody et autres boys next door qui ont grandi loin de tout. Que l’on vienne de Cherbourg, Aurillac ou du Mans, nous serons nombreux, ici, à nous reconnaître dans cet album. La sortie en boite du samedi soir et la mine, la race, la ruche qui va avec, oui, forcément, ça nous parle. Même topo pour l’absence d’horizon qui transpire de partout, dans la confusion la plus totale, de Saphir à Capri. Tout dans La Martyre n’est que colère résignée et impuissante à la Gang Of Fourmais en plus moderne (Gang Of Four à Pyrolyse ?).

Baston a certes peut-être un peu trop écouté Joy Division ou Can. On ne lui en voudra pas. Déjà, parce qu’il y a pires références. Ensuite, parce que La Martyre, digne successeur de Primates (2019), est empreint (emprunt ?) d’humanité. Et dieu sait si, depuis deux ans, l’humanité nous manquait. On ira donc trémousser du coquillard tranquillement, et sans honte, sur Zodiac au Pacific à Cleder (29233) en attendant que le DJ passe Tainted Love ou Enola Gay. Rien que pour ça, merci Baston. Et respect éternel à Howlin’ Banana : vous n’avez pas conscience du bien que vous nous faites.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Flash, Saphir, Neptune, Zodiac, Chamade

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