
13 Avr 25 Basic Partner – ‘New Decade’
Album / Daydream – A Tant Rêver du Roi / 11.04.2025
Post punk
Auteurs d’un premier EP en 2023, les quatre de Basic Partner surprendront à coup sûr leur monde en livrant New Decade, leur bluffant premier long format qui, servi par une production impeccable de Christophe Hogommat, affirme avec force leur identité en tant que groupe en même temps qu’il en révèle toutes les capacités.
Le premier titre éponyme donne tout de suite le ton : c’est clairement du post-punk, avec une voix qui rappelle celle de Paul Banks (Interpol), et une alternance bien maîtrisée entre le côté cold des couplets et la dimension plus furieusement punk des refrains. Mais on perçoit aussi immédiatement l’un des éléments qui caractérisera l’ensemble de l’album, à savoir ce mélange subtile d’électronique et d’instrumentation plus classique, rendant particulièrement précises et efficaces les rythmiques tout en produisant des effets atmosphériques discrets mais sensibles. Buy and Sell, plus loin, sera le point culminant de cette association, décuplant la force de sa critique de la société de consommation en enveloppant celle-ci dans un environnement sonore aussi martial que frénétiquement indus. Les machines, pourtant, si elles donnent ce qu’il faut d’artificialité pour rendre le disque anguleux et à certains moments menaçant, ne le prive toutefois pas de sa spontanéité, marquant l’authenticité de sa démarche .
Le deuxième élément qui saute très vite aux oreilles, et qui explique pour une bonne part la réussite de New Decade, c’est sa dimension pop clairement assumée. Them, Mother Has No Time ou As You Want sont immédiatement accessibles et puissamment fédérateurs par leurs refrains, mais sans que cela sacrifie en rien leur vigueur et, surtout, leur dynamique. Basic Partner a ceci d’époustouflant qu’il parvient à éviter toute uniformité, en insufflant une vie à l’intérieur de ses morceaux. Il y a ici un élan irrépressible qui pousse la musique toujours plus loin dans l’accentuation de ses possibilités, tout en se maintenant dans la dimension de l’ouvert, de l’accueil confiant à tout ce qui l’entoure.
Pour accompagner cette fougue qui caractérise la plupart des titres, il fallait un chant à la hauteur, et celui de Clément Le Gallo impressionne particulièrement. Grave et profond à certains moments, puissant et ample à d’autres, il peut également avoir une sensibilité rugueuse, particulièrement touchante (comme sur She Cares For Me), ainsi qu’une capacité à faire de la fragilité une force, ce qui le rapproche d’une certaine manière de Grian Chatten (Trapped Boy). Marius Civet, est l’autre atout vocal de Basic Partner : officiant à la basse (on le retrouve à la guitare dans Clavicule), il appuie et consolide le chant de son acolyte, quand il ne le rend pas encore plus fervent et déterminé.
En conjuguant toutes ces qualités, la formation nanto-rennaise voit son engagement sublimé. New Decade peut bien développer un propos relativement sombre au sujet de notre époque – et on voit mal comment il en aurait pu être autrement – mais il n’aura de cesse le souci d’équilibrer ce message en introduisant de l’espoir. Wasting Time, qui clôture idéalement l’album, illustre parfaitement cette approche, puisqu’il affirme que face à la morosité ou, même, le désespoir ambiant, il n’est jamais trop tard pour agir ; et le rythme fou du morceau, assuré avec une grande maîtrise par Anton Brachet, associé à la guitare héroïque de Sacha Sourty, montre que l’énergie et la volonté sont là pour ne pas faire en sorte que cela sonne comme des mots creux.
Avec New Decade, Basic Partner ne se berce certes pas d’illusions, mais affiche avec flamboyance sa ferme résolution à en découdre : les murs sont abattus, les portes fracassées, et l’avenir dans toutes ses promesses enfin libéré.
Photo : Marine Bouteiller
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