Baroness – « Yellow & Green »

Baroness – « Yellow & Green »

baro180Album
(Relapse)
17/07/2012
Heavy

A la mise en ligne du premier extrait « Take My Bones Away », les avis des puristes divergaient déjà. Pourtant, depuis le virtuose « Red Album » (2007), véritable missile heavy de grand luxe, Baroness n’a cessé d’évoluer, de jouer sur des terrains où on ne l’attendait pas forcément. Trois ans après le « Blue Record », ce « Yellow And Green » s’éloigne un peu plus des étiquettes stoner ou sludge que l’on pouvait lui attribuer, pour s’aventurer dans d’autres sphères plus inspirées et affinées, offrant un album mitigé, sans frontière, et probablement un des plus intelligents du groupe.

On savait Baroness artisans méticuleux de la composition, avec cette faculté d’agencement et cette pointe de folie qui leur ont offert cette réputation unique. Après une délicieuse introduction, on entre dans le côté « Yellow » avec « Take My Bones Away » et « March To The Sea », pièces maîtresses qui restent dans cette veine heavy familière au groupe, avec toutefois un côté plus mélodico-mainstream qui n’échappera à personne. C’est ensuite que les premiers étonnements se font entendre, notamment sur « Little Things », joli titre amusant avec son côté très rock indé, ou encore sur le magnifique « Twinkler », très calme et mélodiquement impeccable. Puis, on reprend en vigueur avec le rondement mené « Cocainium » et sa basse omniprésente. Baroness sort les claviers, donnant à ce morceau un vrai côté psychédélique à la limite du Pink Floyd avant de finir en une explosion fuzzy de grande classe. Au delà, on passera sur « Where I Belong » – septième piste assez fade – pour mieux se concentrer sur « Sea Lungs », véritable cavalcade héroïque autant sur le plan instrumental que vocal, qui laisse un peu pantois malgré la bonne volonté qui s’en dégage. La chevauchée aura au moins le don de nous amener sur « Eula », clôturant parfaitement la première partie de cet album de sa construction mélodique intéressante, alliant profondément puissance et finesse. Et tout ça crescendo, s’il vous plaît.

L’introduction de « Green » annonce la couleur. « Board Up The House » se lance et surprend illico par son aspect gentil et lancinant, saupoudré d’un refrain guilleret qui, à la longue, pourrait quelque peu énerver. Dans le même registre, « MTNS. (The Crown & Anchor) », aux sonorités redondantes, confirme d’ailleurs un début d’album aux accents pop-déjà-vu peu intéressant. On retrouve alors le côté psyché aperçu sur la première face avec « Foolsong » et « Collapse », tous deux très calmes et bien amenés, qui confirment l’évolution de composition de Baroness donnant véritablement une impression de flegme. Paradoxalement, elle n’est pourtant pas désagréable tant les chansons se fondent parfaitement entre elles. Le rythme reprend ensuite sur le superbe « Psalms Alive », toutes guitares devant, à la fois dense et aéré. Le travail mélodique y est parfait, faisant incontestablement de ce titre l’incontournable de cette seconde facette d’album. Après une jolie accalmie instrumentale (« Stretchmarker »), on reste dans la même dynamique mais dans un style plus rock avec « The Line Between » qui jouera bien son rôle punchy au songwriting assuré pour finalement redescendre vers le second morceau instrumental (« If I Forget Thee, Lowcountry ») qui servira de conclusion à ce « Green » à la fois douceâtre et savoureux.

Un groupe disait récemment en interview: « Il y a des gens qui vont vous blâmer pour avoir évolué et d’autres pour vous être répétés. Personne n’a raison, nous devions le faire pour nous-mêmes, écrire de la musique qui soit sincère et dont nous prenions soin« . Une citation que pourrait pleinement s’approprier Baroness à qui on ne pourrait reprocher que la longueur (un peu) abusive de ce double album, mais qui a su tisser à l’intérieur de son univers une nouvelle toile aux multiples recoins. Si certains s’y perdront au point d’être quelque peu déçus, d’autres arriveront à se faufiler à travers les pièges et à y trouver entière satisfaction. On s’y balade pas mal, mine de rien.

itunes13

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