02 Mar 22 Bambara – ‘Love On My Mind’
EP / Wharf Cat / 25.02.2022
Rock
Comme animé d’un mouvement des plus reptiliens, Bambara poursuit son long et sinueux chemin entamé à ses débuts en 2013, en mettant à nu une nouvelle facette de lui-même à chacune des mues signant l’arrivée d’un nouvel album. Tantôt tapi dans l’obscurité d’un post punk brutal et intransigeant (Dreamviolence et Swarm), tantôt en proie à des aspirations plus littéraires et romantiques (Stray), le trio de Brooklyn sort une nouvelle fois la tête de l’ombre avec ce nouveau Love on My Mind.
Si le chemin menant à ce nouveau venu ne s’est pas fait sans embûches (Love On My Mind a vu le jour sur les cendres d’un EP dont la production a elle-même été abandonnée par les trois protagonistes du groupe, la faute à un éloignement géographique Covid-dépendant et à un souci du renouvellement proche de l’obsession), celui-ci amène avec lui un certain nombre de nouveautés qu’il serait malheureux de garder sous silence. Avec le désir ardent de complexifier son identité musicale, le groupe a demandé à Bria Salmena (Bria, Orville Peck, Frigs) et Drew Citron (Public Practice) de rejoindre les rangs de ses chœurs, tandis que Jason Disu et Jeff Tobias (Sunwatchers) ont ajouté, respectivement, du trombone et du saxophone à son catalogue instrumental.
Et le résultat est palpable dès l’entame Slither in The Rain qui donne à écouter une atmosphère plus minimaliste, notamment via les couches de synthétiseur qu’elle y déploie. La voix de Reid Bateh s’en retrouve habilement sublimée, s’élevant comme libérée de ses chaines par rapport à l’ambiance générale qui, elle, se retrouve délestée d’un certain côté ‘noisy’, beaucoup moins perceptible qu’auparavant. Les lyrics qui puisaient leur source dans un répertoire littéraire fantastique sur Stray, ont laissé la place à un registre plus personnel, comme accouché d’une intense réflexion au sujet de l’amour. La rythmique est également moins agressive, l’ensemble plus délicatement travaillé que sur les précédents opus. Tout ceci se distingue très clairement sur le magnifique Bird, balade sentimentale qui semble transpercer de lumière une nuit noire au brouillard impénétrable. Mythic Love et Feelin’ like a Funeral ne font que renforcer ce sentiment, tout en affirmant une identité nouvelle, teintée d’une vulnérabilité et d’une profondeur jusqu’à maintenant inavouées.
Ainsi, en complexifiant un peu plus son identité musicale au moyen d’une écriture plus personnelle et d’une palette instrumentale plus complexe, ce nouveau Love On My Mind donne un nouveau visage à Bambara, à la fois plus riche, plus profond mais également plus humain. L’effort ici réalisé pour insuffler une nouvelle trajectoire au groupe ne passe pas inaperçu, et amène avec lui des interrogations optimistes quant à l’avenir du trio, manifestement décidé à élargir ses horizons musicaux à chacune de ses nouvelles sorties. On se languit donc déjà de le retrouver pour de nouvelles aventures.
A ECOUTER EN PRIORITE
Birds, Slither in The Rain, Mythic Love
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