Badbadnotgood – ‘Talk Memory’

Badbadnotgood – ‘Talk Memory’

Album / XL Recordings / 08.10.2021
Jazz

Si Badbadnotgood s’était jusque là entouré d’invités qui offraient une teinte hip-hop à ses albums, les nouvelles collaborations des canadiens donnent une musicalité plus ample et une orientation radicalement jazz à Talk Memory, leur sixième album.

Le très courtisé quatuor torontois souhaitait visiblement s’éloigner des sentiers qui lui ont assuré sa renommée, en revenant tout auréolé de ses expériences aux fondamentaux jazz dont il est issu. Mais comme le groupe déteste les chemins droits et rebattus, il s’attache les services du trop méconnu et déroutant arrangeur brésilien Arthur Verocai, qui apporte ampleur et spatialité à tous les titres qu’il touche.

S’entourant encore d’autres belles références – Laraaji à la cithare sur Unfolding, le batteur Karriem Riggins sur Beside April, le producteur Terrace Martins et la harpiste Brandee Younger sur le tour de force de l’album, Talk Meaning – BBNG confirme dans les choix comme dans le son que le hasard n’a pas de place dans la composition. Si on reste parfois à la porte de ses exigences techniques et stylistiques, l’univers de Talk Memory est si vaste qu’il nous emporte souvent très loin dans sa poésie cinématographique.

Est-ce la patte de Verocai, ou le goût initial de ses membres, mais cinéma ou séries-B sont sous-jacents dans chacune des compositions du groupe. City Of Mirror en est l’archétype, avec ses violons lascifs en introduction auxquels succède une montée aventureuse de piano parfaitement équilibrée par la batterie, avant un final grandiloquent en 3D violons-piano-batterie renversant. L’équilibre est moins évident sur le long titre d’ouverture, Signal From The Noise, dont la montée très art-rock aux sonorités épurées s’attarde hélas au bout de cinq minutes sur un palier qu’elle ne franchira pas.

Qu’importe cette frustration, la couleur apportée par la cithare de Laraaji dans les premières mesures du titre suivant, Unfolding, ouvre les portes d’un univers new-age où on se laisse partir sans retenue, portés lentement vers les nues par une batterie ronde et un gimmick de saxophone ensorcelant. Peu importe les ambiances, on est d’ailleurs bluffé de bout en bout par l’évidence des partitions des différents instruments : alternativement en retrait puis en valeur, au gré des jams et des impros qui traversent l’album, tout sonne juste et clair, à l’image des guitares émergeant de Beside April pour un solo fiévreux, ou moins attendues, plus granuleuses dans un dialogue avec le piano sur Timid, Intimidating.

Après une reprise dispensable de Beside April, toute la maestria développée jusque là semble converger dans l’impressionnant Talk Meaning. Là, la maîtrise intimidante des premiers titres laisse place à une émotion nettement plus assumée et chaleureuse. Les quatre de BBNG ne sont pas que des monstres de musique, ils sont aussi joliment humains.

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A ECOUTER EN PRIORITE
City Of Mirrors, Beside April, Talk Meaning


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1 Comment
  • Mysh
    Posted at 21:37h, 25 novembre Répondre

    quatuor torontois!

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