Bad Nerves – ‘Still Nervous’

Album / Suburban / 31.05.2024
Punk rock

Quand on demande aux Bad Nerves qui leur a un jour donné envie de prendre les guitares, tous en appellent aux fantômes des Ramones. Comme les célèbres new-yorkais, ces cinq londoniens jouent vite, affûtent leurs mélodies, préfèrent la simplicité de quatre accords que des riffs à n’en plus finir et des structures à s’arracher les cheveux. Il y a quatre ans, grâce à son premier album éponyme, le groupe n’a pas manqué de prendre tous les amateurs de punk-rock par le bras, tous convaincus par cette véritable enfilade de tubes imparables balancés avec une facilité insolente. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de The Old Smoke : les Bad Nerves ont parcouru l’Angleterre, l’Europe et les Etats-Unis de long en large, souvent en ouverture de formations plus mainstream (Royal Blood, The Hives, Nothing But Thieves…), dans des salles ou stades qui ne les ont pas plus impressionnés que ces petits clubs dont ils font littéralement transpirer les murs.

Beaucoup à leur place auraient pu partir en toupie, choper un boulard énorme et revenir transformés. Mais il en fallait plus aux Bad Nerves pour ne plus toucher terre : accompagnés de leur même label indépendant néerlandais comme de leur fidèle pote producteur qui sait mieux que personne le son à attribuer à leur musique, les anglais reprennent les choses là où ils les avaient laissés, en variant seulement les plaisirs. Ici plus lentes (Sorry, Should Know By Now), là incroyablement rapides (Antidote) ou plus longues (Television), les compositions de Still Nervous se drapent de nouvelles intentions tout en faisant elles aussi parler leur science du hit. ‘Je veux que les gens écoutent nos disques sans jamais zapper un seul titre‘ nous a confié récemment Bobby lors d’une interview à lire dans Mowno #6. Manifestement, l’objectif est atteint.

Pas de remplissage donc au sein de ce Still Nervous, mais douze nouveaux titres taillés pour le live parce que ‘c’est toute la magie d’être dans un groupe, de punk-rock notamment‘ poursuit le frontman au chant délicieusement nasillard. Parmi eux, une poignée s’écoute déjà depuis de longs mois : des irrésistibles refrains de Don’t Stop et Alright, à ce USA ouvertement inspiré par Sham 69, en passant par You’ve Got The Nerve, ni plus ni moins que le Blitzkrieg Pop des temps modernes, tous ont déjà brillamment fait leurs preuves sur les planches.

Ne restait alors plus aux Bad Nerves que de lever le voile sur l’autre moitié de ce nouvel album pour ne pas avoir, comme beaucoup, à définitivement chercher à égaler un premier succès. Sans qu’ils puissent désormais compter sur l’effet de surprise qui a largement servi leur précédent album, les anglais livrent alors une poignée de titres de belle facture (Sorry assez proche du Weezer des débuts), sans qu’on jure qu’ils restent les plus mémorables de leur discographie. Un ton en dessous, Plastic Rebel, Jimmy The Punk et Too Lazy To Love – s’ils ont incontestablement leur place au sein du disque – servent avant tout sa variété et son relief en contribuant à rendre le morceau suivant plus efficace encore, au premier rang desquels le final The Kids Will Never Have Their Say qui, non seulement donne déjà envie d’en entendre plus de la part de ces excités, mais rend des plus insupportables l’attente de les croiser de nouveau sur scène. ‘On joue aussi bien que possible, on prend autant de plaisir qu’on le peut, et on ne se prend pas au sérieux‘ : voilà les clés d’une bande de potes qui pourrait définitivement marquer son époque.

Photo : Titouan Massé