Bad Brains – “Build a Nation”

Bad Brains – “Build a Nation”

Build a Nation[Album]
22/06/2007
(Megaforce/Socadisc)

En règle générale, les reformations de groupes défunts, tout mythiques soient-ils, ont tendance à nous laisser perplexe. L’Histoire nous a d’ailleurs souvent donné raison… Avouons néanmoins que lorsque la nouvelle d’une (énième) reformation des Bad Brains (mais) sous le line-up d’origine est tombée, nous ne sommes pas restés de marbre. Et quand nous avons en plus appris que leur nouvel album serait produit par Adam “MCA” Yauch des Beastie Boys qui n’a pas oublié que son groupe a démarré sur les mêmes scènes au débuts des 80’s, on doit reconnaître qu’on a commencé à compter les jours..

Lorsque, en 1979, quatre rastas férus de jazz fusion décident de former un groupe de punk, personne n’aurait misé un kopek sur leur carrière. A l’époque, les autres groupes sont plutôt blancs et ne savent pas se servir de leurs instruments. C’est même quasiment une condition sine qua non. H.R (chant), son frère Earl Hudson (batterie), Dr Know (guitare), et Darryl Jenifer (basse) sont au contraire de bons musiciens, mais ça ne les retient pas de fonder Bad Brains (en clin d’oeil à un morceau des Ramones). Vite tricard de Washington DC, le quatuor déménage pour New York où il devient le chouchou du public et de la presse spécialisé, soufflés par ces quatre blacks dreadlockés qui peuvent passer d’une éjaculation hardcore ultra violente à un reggae roots sans sourciller

Plus tard, les Bad Brains incorporeront aussi des éléments jazz, funk et metal à leur musique, ce qui les désignera tout naturellement comme les pionniers du mouvement crossover des 90’s (Red Hot Chili Peppers, Living Colour, Fishbone, Infectious Grooves…). Mais leur influence se fera ressentir dans des groupes et styles très variés, de Henry Rollins à Lil’ Jon, en passant par les Long Beach Dub Allstars (ex-Sublime), System Of A Down ou Dub Trio

Après presque 30 ans d’une carrière pour le moins chaotique (plus de splits que dans une saison de “Dallas”), nous sommes les premiers surpris de constater l’étonnante vitalité de ces vétérans. Impossible d’imaginer avoir affaire à des quinquagénaires en entendant l’urgence de titres comme “Build A Nation”, “Let There Be Angels”, “In The Beginning” ou “Send You No Flowers”. Ca joue ultra serré, sec et rapide (rarement au-delà des 2’30”) tout en se permettant le luxe de varier les tempi en cours de morceaux. Les riffs de Dr Know sont toujours aussi racoleurs, tandis que la basse et la batterie donnent une masterclass de groove pour tous les retardataires. Les pauses reggae roots ou jazzy arrivent donc souvent à point nommé, laissant alors la superbe voix de H.R reprendre ses droits (“Jah Love”, “Roll On”, “Until Kingdom Comes”, “Peace Be Unto Thee”…). Impressionnant..

Au passage, seules les voix de H.R n’ont pas été enregistrées à l’Oscilloscope Laboratories (le studio des Beastie Boys), et c’est peut-être la raison qui a poussé MCA à systématiser les effets sur le chant des morceaux hardcore. Une décision discutable sur la longueur, qui ne colle pas forcément toujours au mieux sur tous les titres. Un détail qu’on leur pardonnera bien vite cependant, car ce “Build A Nation”, sans forcément atteindre les sommets de leurs débuts, peut tout de même se targuer de rester dans le haut du panier des productions actuelles du punk/hardcore. Un volontaire pour aller parler aux Pixies, Stooges ou autres Madness

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