Awol One And Daddy Kev – “Slanguage”

Awol One And Daddy Kev – “Slanguage”

Slanguage[Album]
24/03/2003
(Mush/Chronowax)

C’est au tour de deux acteurs de la scène indépendante hip-hop de la côte ouest des Etats-Unis de signer sur un de nos labels favoris: Mush records. Awol One et Daddy Kev ont déjà une discographie imposante et nous font part ici d’une maturité sans conteste

Autant le dire tout de suite : “Slanguage” est un album hors du commun. 22 titres étranges s’enchaînent pour laisser une première impression ambiguë. Les plus tordus des auditeurs (dont nous faisons partie) se laisseront séduire seulement au bout de plusieurs écoutes. L’approche est difficile, vacillant entre des sons familiers au hip-hop et un ensemble très “free”. C’est en effet le sens dans lequel ont semblé vouloir se diriger nos deux rappeurs envoûtés : du free-jazz-hop (ça devait arriver)

La plupart des morceaux risquent fort de laisser les dancefloors de marbre, mais enflammeront les enceintes des férus d’expérimentations organiques, de déconstruction massive. La conception musicale est assurée par Daddy Kev, les paroles et leur interprétation par le rappeur à la voix et au flow reconnaissables entre mille : Awol One. Nous passons de titres assez ‘classiques’ hip-hop jazz sans pour autant en rappeler aucun, à des morceaux aux sonorités lointaines aux scratchs étranges accompagnés de solos de batterie et d’envolées sauvages. Nous sommes loin des productions précédentes des deux acolytes, leur évolution pourrait être comparée à celle de certains Miles Davis ou autres John Coltrane, n’hésitant pas à briser le carcan qui pourrait les enfermer dans une direction musicale lassante

Il semble donc que Mush laisse une entière liberté à ses artistes, leur offrant un espace d’expression qu’aucun autre label ne permettrait, nous donnant alors l’occasion de savourer les productions les plus schizophrènes et névrosées d’artistes dégoulinant de créativité. Le résultat est saisissant, séduisant, on y retourne avec le sourire en sachant que si chacun était aussi névrosé que ces deux là, le monde du hip-hop tournerait cent fois mieux (mais vendrait mille fois moins…)

A se procurer sans plus attendre.


Pas de commentaire

Poster un commentaire