Avey Tare – ‘7s’

Avey Tare – ‘7s’

Album / Domino / 17.02.2023
Pop folk psyché

Né sous une bonne étoile, Animal Collective s’est toujours attiré la bienveillance (doux euphémisme #1) d’une presse musicale qui, les concernant, a peut-être un peu trop rapidement fait l’amalgame entre originalité, coolitude et génie. Ainsi protégé et adoubé par ceux qui savent, le groupe appartient depuis des années, qu’on le veuille ou non, au cercle très fermé des intouchables, de ceux que l’on n’a apparemment pas le droit de critiquer et qu’on se doit impérativement d’aimer, sous peine de ne pas en être. Sans pour autant cautionner (doux euphémisme #2), il est toujours plaisant de voir des margoulins comme Panda Bear, Avey Tare et leur petite association de malfaiteurs prendre ainsi la lumière et s’inscrire, dans la durée, comme référence incontournable et preuve indiscutable de bon goût. Feels, Strawberry Jam ou Merriweather Post Pavilion sont, après tout, et même si on les écoute assez peu (doux euphémisme #3), d’excellents disques du siècle de la semaine. La même chose peut également se dire des escapades en solitaire de Noah Lennox, Josh Dibb et David Portner (Person Pitch-Panda Bear, Sleep Cycle-Deakin et Cows On Hourglass Pond-Avey Tare).

Après un premier LP solo aussi plaisant qu’impersonnel (Down There-2010), Avey Tare s’est progressivement émancipé de la maison mère Animal Collective pour façonner, un peu à la Syd Barrett, une folk music susceptible de plaire à tous ceux qui, comme lui, n’ont jamais réellement su ce qu’était la folk music (Eucalyptus – 2017 et le très pastoral Cows On Hourglass Pond – 2019). 7s, quatrième album for fans only, s’inscrit tièdement et sans surprise dans la droite lignée de ses statutaires prédécesseurs et ne fait naître, il faut bien le reconnaître, qu’un enthousiasme relatif (doux euphémisme #4). Frôlant l’auto-caricature et le manque d’inspiration, Avey Tare réussit, un peu comme les repas de famille ou les représentations de théâtre amateur, à décevoir alors que l’on n’avait absolument aucune attente. Le tour de force mérite, sans aucun mauvais esprit, d’être salué. Gâcher son talent demande beaucoup plus d’efforts que de ne pas en avoir.

Étrangement structurés et linéaires, telles de véritables chansons, Invisible Darlings, Lips At Night et The Musical, les trois premiers morceaux de 7s, s’écoutent le sourire aux lèvres et laissent envisager le meilleur. Quand soudain, tout s’écroule. Un seul morceau suffit à faire vaciller, puis s’effondrer, le frêle édifice. L’affreux Hey Bog, interminable séance de plaisir personnel, vient cruellement tout dégueulasser (alors que, dieu nous en est témoin, on n’a absolument rien contre la masturbation et l’exhibitionnisme – doux euphémisme #5). Proche de la suffocation, il sera ensuite difficile d’apprécier à leur juste valeur les délicats et éthérés Sweeper’s Grin et Cloud Stop Rest Start. Délesté de l’inutile, 7s aurait fait un très bel EP, digne de son auteur. Dans sa forme définitive, il n’est qu’un album de plus dont on ne sait que penser. Tout simplement parce qu’il n’inspire rien, ni bon, ni mauvais. Et c’est assez triste à écrire, il faut bien l’avouer.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE

Invisible Darlings, Lips At Night, The Musical, Cloud Stop Rest Start


No Comments

Post A Comment