Purrs – ‘Goodbye Black Dog’

Purrs – ‘Goodbye Black Dog’

Album / A Tant Rêver du Roi / 23.02.2024
Post punk

Dans l’esprit du quatuor d’Angoulême, la sortie de Goodbye Black Dog doit faire l’effet de l’introduction de A Year In Binary, son titre d’ouverture : puissant, percutant et salvateur. Après tant d’années à jouer ensemble, Elliot, Charly, Guillaume et Yassine cochent enfin la case du premier album, un jalon important pour des amis de lycée que la musique – de la brit-pop au post-punk – a toujours su garder soudés. Après un deuxième EP sorti en 2021, c’est sous l’égide de A Tant Rêver du Roi que Purrs dévoile sa première itération sur long format. Un disque empreint d’une rage libératrice dans les mélodies et d’une sincérité frontale dans l’engagement et les thèmes abordés. 9 titres comme le miroir de la décennie passée, des cicatrices personnelles, de la fluctuation des goûts musicaux et de l’expérience engrangée. Les musiciens y impriment toujours ce son marqué par l’Angleterre, dans lequel on reconnaît les contours d’Idles et de Shame. Mais si l’auditeur amateur de post-punk aura sans doute la sensation paisible du retour au foyer, l’oreille attentive décèlera des strates plus profondes, où le langage du groupe, dans la variation mélodique ou le refrain catchy, puise son unicité.

Certains premiers albums sont l’occasion pour les formations de montrer la variété de leur arsenal, parfois à outrance. Purrs ne joue pas à ce jeu-là. Volontairement resserré, Goodbye Black Dog conserve une cohérence narrative importante pour le groupe. Elle débute sur une entrée en matière violente, où les guitares mènent la danse et portent la voix puissante d’Elliot, aussi à l’aise dans le cri vibrant que dans le chant plus mélodique. Serotonin, acmé de ce départ énervé, secoue par ses changements de tempos spasmodiques. Les couches instrumentales y transpirent l’urgence, celle de porter au-devant du monde des hurlements gardés trop longtemps en soi. Purrs surprend ensuite avec Badlands et initie une montée toute en tension, que les quatres libèrent par une rythmique lumineuse à l’allure d’hymne. Les compositions regorgent de cette ambivalence toute humaine. Entre amour et haine, elle donne au disque un éclat de réel. L’interlude planant de Give a Hand insiste sur cette idée : le groupe sait nous mener d’une danse endiablée à l’introspection.

Ancrer sa musique dans une société complexe mais néanmoins gangrénée, sans tomber dans le cliché moralisateur : un désir et un défi portés par le quatuor qui compose selon ses maux, pour tenter de cerner ceux de jeunes générations en quête d’identité et de libération. Partager et comprendre plutôt que s’insurger. C’est la direction que prennent les paroles, dont le spectre s’étend de la santé mentale à l’importance de l’entraide. La variété des compositions parvient à appuyer efficacement ces sujets abordés sans détours et conserve une richesse sonore dans la lourdeur (Overwhelmed Together) et la légèreté (Wallflowers).

Si les relations dans le temps s’étiolent, le collectif au cœur de Purrs tient sa longévité de la note. Du fil parcouru d’énergie vivante qu’elle fait circuler entre eux et par laquelle ils se livrent, s’encouragent, se confrontent, s’enivrent et s’amusent, comme des milliers de potes.

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Serotonin, Brutal Round Here

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