Bantam Lyons – ‘Mardell’

Album / Music From The Masses / 15.10.2021
Post punk

‘Des mélodies savamment déployées qui explosent en plein vol’. Il y a cinq ans, le premier album des Bantam Lyons nous encourageait à aligner les superlatifs. C’est que le groupe brestois avait touché quelque chose de sensible, agitant à la fois de belles références – pêle-mêle Mogwai, Interpol, The Afghan Whigs… – tout en soignant sa production et un songwriting bien plus affuté que la moyenne, entre pop, shoegaze et post-punk. Le quatuor a ensuite traîné son spleen et sa fureur pendant deux ans, des caves de Nantes où il s’était installé aux festivals défricheurs les plus recommandables. Et puis… plus rien. On l’imaginait alors dissout par lassitude ou trop occupé par des projets parallèles ou encore plus simplement, fâché pour de banales embrouilles.

Heureusement, le début pluvieux de l’été 2021 a coïncidé avec son retour quasi-inespéré. Bantam Lyons sort donc son nouvel album sur les labels Gezellig Records (Knoxville, Tennessee) et Music From The Masses, succursale du disquaire brestois Bad Seeds. Désormais cinq sur scène et en studio, le groupe n’a pas fondamentalement revu sa copie, privilégiant ici un méticuleux travail d’épure. Moins de reverb, moins de delay, mais toujours cette obsession de dynamiter ses morceaux dans un gravât de bruit, surplombé par la voix triste et puissante de Loïc Le Cam. Mardell court à bâton rompu, de facto plus orienté post-punk que son prédécesseur. Et s’il ralentit, c’est pour frayer quelques instants avec un vide déchirant (l’ouverture très Sparklehorsienne de St Dô).

Bien décidé à ne pas se prendre trop au sérieux, le groupe multiplie néanmoins les clins d’œil amusés et amusants sur certains des huit titres de l’album (le très cryptique Philatélie Frontale) ou dans un clip particulièrement houblonné (Pintor). Une autre raison de retrouver le sourire après cette confirmation : celle d’avoir eu le nez creux en alignant il y a cinq ans les superlatifs. Voilà l’occasion de remettre le couvert.