Aucan – « Black Rainbow Remixes »

Aucan – « Black Rainbow Remixes »

aucan180Album
(Jarring Effects)
23/04/2012
Remixes

Souvent comparé à Battles avant d’accoucher de « Black Rainbow« , Aucan a bien fait d’ancrer celui-ci dans un univers nettement plus electro et dubstep. En effet, sans cela, et en sortant un album de remixes au même moment que les new yorkais, en le laissant comme eux se découvrir progressivement en amont, les trois italiens se seraient certainement fait accuser de mimétisme, et auraient eu les pires difficultés à se défendre. Chacun évoluant désormais dans des registres bien distincts, l’initiative se justifie pourtant par la densité de matière qu’ils ont en commun, et qu’ils ont tous deux à offrir aux potentiels remixeurs.

Dans le même bateau donc, et à l’instar de Battles, Aucan n’échappe pas aux affres qui frappent chaque fois les collections de remixes, surtout quand le groupe met l’accent à ce point sur l’ouverture musicale qui le caractérise. Ici donc, le très bon côtoie inévitablement le moins bon, et l’homogénéité de l’album barre en couille: une destinée écrite à l’avance que Aucan, aussi pointilleux et perfectionniste qu’il soit, ne pouvait à aucun moment corriger. Pour l’apprécier à sa juste valeur, mieux vaut plutôt apprécier chacun des titres de ce « Black Rainbow Remixes » en faisant totalement abstraction des autres. Alors, et surtout quand Aucan se refait lui-même le portrait, on se prend en pleine tronche l’incroyable force qui se dégage de « Storm » quand il accueille le flow d’un Mc Dälek posé ici avec une telle évidence qu’on le croirait taillé pour lui à l’origine. La même, dans une moindre mesure, quand il invite Spex Mc (Asian Dub Foundation) à accompagner « Away! ».

C’est ensuite que les choses se gâtent, faisant même regretter que les italiens n’aient pas continué à retravailler eux-mêmes leur répertoire pour y conserver l’homogénéité affichée en cette entame d’album. En effet, sympathiques mais sans grand intérêt, Niveau Zero et Broken Haze renforcent respectivement « Sound Pressure Level » et « Heartless » plus qu’ils ne les dénaturent, Ambassadeurs rend « Save Yourself » des plus fades, alors que Cécile (« Embarque ») comme Skyrider (« In a Land ») tirent sans grand mérite quelque chose des interludes. On en oublierait presque, alors, que le meilleur se trouve sur la fin: quand Robot Koch trempe « Red Minoga » dans une sombre electro à la rigueur bien allemande, que Scorn arrose « Black Rainbow » de sonorités indus et que, pour finir, Shigeto fait de « Blurred » une conclusion des plus délicates et scintillantes. Trop peu cependant pour nous réconcilier avec ce genre de disques dont on ne comprend toujours pas l’intérêt commercial, et qu’il aurait été beaucoup plus malin – en 2012 – de proposer en digital, à prix libre.


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