14 Avr 11 Atmosphere – « Family Sign »
Album
(Rhymesayers)
11/04/2011
Hip hop
Atmosphere, septième. Avec « Family Sign », le duo vient confirmer le tournant qu’il avait désamorcé il y a trois ans avec « When Life Gives You Lemon You Paint That Shit Gold » lorsque, malgré l’inégalité type des expériences nouvelles, il optait clairement pour l’introspection. Désormais plus familiers avec cette approche thérapeutique, les deux tournent un peu plus encore le couteau dans la plaie, et déroulent délibérément un voile très sombre tout au long de ce nouveau disque s’octroyant heureusement quelques passages plus enjoués (« Just For Show » et sa production à la frontière du reggae, « Ain’t Nobody »).
À 38 ans, après avoir connu les joies et les peines qui font la vie d’un homme (de la naissance d’un enfant jusqu’à la mort d’un père), Slug a appris à accepter son sort plutôt que de continuellement se poser des questions. Un signe de maturité déjà entrevu il y a trois ans, qui se fait plus évident ici puisqu’il nous invite à bras ouverts dans son intimité via des textes très personnels – pour ne pas dire des délivrances parfois (« The Last To Say ») – souvent accompagnés de productions lourdes de tristesse, quasi funéraires, emmenées par le piano mélancolique de Erick Anderson (« Your Name Here ») ou la guitare de Nate Collis pleurant de prenantes notes folk ou blues (« Bad Bad Daddy », « Who’ll Never Be », « Something So » presque trip hop).
Paradoxalement, plus que dans les titres les plus efficaces souvent loin du ton de l’album (« She’s Enough »), c’est là qu’il faut aller chercher certains des meilleurs morceaux de ce « Family Sign », parmi lesquels l’excellente entame « My Key » qui ne se fait pas prier pour planter le décor du disque tout entier, ou « Became » sur lequel les deux instruments conversent. Reste que Slug et Ant ont retrouvé la cohérence qui manquait à leur précédent effort, celle qui les sauve là de trop longs passages à vide. Ici, en quatorze titres, ils avancent dans leur apprentissage d’hommes mûrs vrillés par la paternité, soignent une émotion quasi constante qui n’est pas sans faire le lien entre ce qu’on a pu entendre chez Brother Ali et Sage Francis. Avouez qu’il y a pire pour contrebalancer les quelques malheureux clichés plombant parfois ce disque.
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