Astéréotypie – ‘Patami’

Astéréotypie – ‘Patami’

Album / Air Rytmo / 08.11.2024
Post rock

Hasard du calendrier, deux albums français importants et attendus sortent la même semaine. Et tous deux, en plus de défendre une écriture ultra-personnelle et déjantée, rendent hommage à leur fidèle compagnon. L’un, Philippe Katerine, star des JO 2024, exhibe fièrement son Zouzou poilu sur une pochette d’esthétique disco-glam seventies et l’autre, le collectif Astéréotypie, plus pudique, choisit de respecter l’anonymat de sa mascotte Patami, en lui collant d’enfantins motifs sur le museau pour conserver toute sa part de mystère.

Ni un tapis de judo, ni un type de saucisson, Patami, c’est un concept propre à chacun. Le ‘Patami des enfants’, c’est l’ami de tous les enfants. Il est à leur service, il est aussi leur roi‘ nous racontent-ils pour présenter ce quatrième album. Vous l’avez compris, comme pour Katerine, il n’est toujours pas question de se prendre au sérieux, mais ça n’empêche pas de faire les choses sérieusement.

On retrouve donc encore une fois pour notre plus grand plaisir Claire, Stan, Yohann, Aurélien, et Felix, les auteurs-interprètes de cette formation ‘atypique’ de rockers autistes né d’un atelier de poésie dans un institut médico-éducatif en 2010. Devenu depuis groupe de musique à part entière et phénomène de la scène rock française passant de festivals en SMAC avec un public toujours grandissant, Astéréotypie livre la suite de Aucun Mec Ne Ressemble À Brad Pitt Dans La Drôme en quatorze pièces hétéroclites mais magnifiquement homogènes.

On plonge avec jubilation dans leur post punk noisy façonné par Christophe L’Huillier (Infecticide) à la guitare, Arthur Gillette et Eric Tafani (Moriarty) aux textures sonores à la six cordes et à la batterie, et Benoît Guivarch (Alexandre Varlet, Luciole) aux claviers et synthés modulaires. Un rôle musical essentiel, bien au-delà du backing band ‘au service de’, qui tape dans le mille systématiquement qu’il s’agisse des morceaux énergiques et noisy (le diptyque aquatique Les Orques Adorent Le Foi De Requin et Ce Requin-Baleine Ne Me Sert À Rien) ou les ambiances planantes atmosphériques (Dieux, Soirée Parfaite).

Les textes (et les titres !) sont toujours aussi surréalistes, les phrasés lunaires, avec cette sensation que tout est écrit sans filtre, sans calcul, du cerveau au stylo. Ne cherchez donc pas de fil conducteur, on y parle en vrac de télé réalité (L’Archère), des dérives d’internet et du phishing (l’hilarant Faux Comptes), d’une partie de UNO électrique et énervée (Uno), d’une soirée apéro comme on les aime (l’hymne du vendredi soir à reprendre en coeur entre potes, Goûter Soir Apéro) ou de mythologies (Dieux). Chaque chanteur-leader a son style, sa patte (amie), ses obsessions et sa façon de traiter son sujet. On vous conseille l’émouvant C5, sur lequel Stanislas évoque ses souvenirs d’enfance avec son père à travers la marque au double chevron. Chaque ligne de Patami est une punchline qui frappe juste servie par une interprétation habitée et théâtrale qui mêle candeur, jubilation et totale liberté.

On se souvient de leur prestation lumineuse aux Transmusicales en 2022 dans un hall 3 survolté, et bondé (chose assez rare à cette heure précoce) où tout le monde voulait voir le phénomène Astéréotypie. Un effet de curiosité compréhensible qui s’est construit autour de leur ‘petit truc en plus’, mais aujourd’hui c’est bien la musique et les chansons qui occupent toute la place et qui font qu’entre le clinquant et soigné Zouzou ou l’ébouriffant et dépoilé Patami, on a vite choisi lequel on allait adopter.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Je Ris Pour Autre Chose, Que La Biche Soit En Nous, C5, Soirée Parfaite, Uno, Faux Comptes


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