Ariel Pink – ‘Dedicated to Bobby Jameson’

Ariel Pink – ‘Dedicated to Bobby Jameson’

Album / Mexican Summer / 15.09.2017
Pop lo-fi inventive


Écouter un nouvel album d’Ariel Pink, c’est un peu comme actionner le jukebox d’un rade perdu en rase campagne, avec un mec qui roupille devant un demi tiède et, au bout du bar, deux routiers silencieux à mulet : on ne sait jamais quelle ringardise il en sortira, mais on peut être certain d’adorer. Car Ariel Rosenberg, activiste lo-fi depuis le début des années 2000, n’a pas son pareil pour ressusciter une galerie d’images maquillée comme une voiture volée. Une vision démodée aux rides un peu marquées qui fait un bien fou, une cure de désintoxication par l’imagination.

‘Another Weekend’ ouvre ce gala de désaxés sur une note mélancolique. La piste de danse pour cowboys tristes s’est vidée, les effets de l’encanaillement s’estompent, et la mélodie tire sur un retour à la réalité aigu. La ouate des rêves éveillés s’effiloche tandis que reviennent parfois des bulles d’euphorie. Après ‘Pom Pom’ et le grand bal glam soussigné Kim Fowley, le ton se fait plus intimiste. Quoi qu’aussi placé sous l’influence d’une ancienne gloire, sortie des tréfonds d’une industrie musicale dépassée. L’attrait de la décadence, ni plus ni moins.

En effet, Bobby Jameson est l’homme que tout le monde croyait mort avant qu’il se rappelle à nos souvenirs en publiant une série de vidéos autobiographiques. Ou l’histoire d’une renaissance qui n’a pas manqué d’inspirer le talent d’Ariel Pink. Barbouillé de rose, goût bubblegum underground, ‘Dedicated To Bobby Jameson’ recèle une nouvelle fois de trésors d’imagerie kitsh sur fond de noirceur. La vie, la mort, les vanités ne sont jamais très loin et évoquent les joies de la déliquescence, comme le trio de tête ‘Time To Meet Your God’, ‘Feels Like Heaven’ et ‘Death Patrol’. À la seule différence qu’elles pataugent au milieu d’une pop inventive et pleine d’artifices géniaux, fidèle à l’incroyable inventivité de Rosenberg.

Un jeu de guitare toujours réjouissant et les progressions crescendo déjà à l’œuvre sur ‘Myths 002‘ (poke Weyes Blood) jettent une lumière crue et sublime sur ce panorama musical à l’allure délétère. Ariel Pink tutoie les marges avec intensité et justes mots. Les paillettes cabaret vintage de The Intelligence. Le rideau de velours rouge de David Lynch. L’éclat de l’expérience du son d’Ariel Pink. C’est toute la beauté du petit théâtre baroque, mis en scène avec vérité, de ce grand ‘Dedicated To Bobby Jameson’.

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A ECOUTER EN PRIORITE
‘Time to Meet Your God’, ‘Feels Like Heaven’, ‘Death Patrol’, ‘Another Weekend’


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