13 Mai 24 Arab Strap – ‘I’m Totally Fine With It, Don’t Give a Fuck Anymore’
Album / Rock Action / 10.05.2024
Indie rock
Alors que les reformations sont désormais monnaie courante (par envie sincère de partager une nouvelle aventure commune, ou pour faire marcher le tiroir-caisse) et que les exigences des fans montent légitimement d’un cran, de plus en plus de groupes surfent encore sur une gloire passée sans cependant parvenir à trouver un second souffle ni la magie des débuts. Héros singuliers d’une scène rock 90’s écossaise particulièrement riche (Mogwai, Franz Ferdinand, The Jesus And Mary Chain, Primal Scream), les Arab Strap s’étaient séparés en 2006, pour réapparaitre dix ans plus tard uniquement pour une série de concerts. Pas de quoi les taxer d’opportunisme !
Leur retour discographique s’effectuera en 2021 avec un de leurs meilleurs disques, le remarqué et remarquable As Days Get Dark. Une renaissance qui les a convaincus de ressortir les boîtes à rythmes pour proposer I’m Totally Fine With It, Don’t Give A Fuck Anymore qui nous pousse à poser cette question existentielle qui nous brûle les lèvres à chaque fois : comment maintenir la fougue, l’enthousiasme et la créativité après toutes ces années ?
Une chose est sûre, composé et interprété exclusivement par le duo Malcolm Middleton et Aidan Moffat, produit par le collaborateur de longue date Paul Savage, leur huitième album confirme que les écossais reprennent les choses là où ils les avaient laissées lors de leur précédent album. C’est déjà un bon point. Pourtant, le belliqueux et rugueux Allatonceness, en ouverture, surprend d ‘emblée et lorgne bien plus loin que leur post-folk contemplatif caractéristique. La guitare d’ordinaire très atmosphérique est ici franchement rock et suit la cadence d’une batterie martiale et puissante qui emporte tout sur son passage. Les écossais s’aventurent sur un terrain plutôt intéressant mais, malheureusement, ce ne sera qu’une tentative. Dommage parce que ce titre inaugural était franchement appétissant et ambitieux. Dès la seconde piste Bliss (le premier single), l’expérimentation électronique qui constitue un élément clé de leur musique depuis The First Big Weekend est de nouveau bien présente. Arab Strap reprend le rythme de croisière et retourne donc vite en terrain connu avec la voix de Moffat toujours impeccable, entre chant et scansion, qui impressionne par son ampleur et son assurance.
Son timbre se mêle toujours avec délice aux instrumentations inventives de Middleton, preuve que ces deux-là se connaissent par cœur mais parviennent aussi à se surprendre mutuellement après tant d’années passées ensemble. Le duo atteint des sommets sur l’organique et vibrant Sociometer Blues ou l’orageux Strawberry Moon, qui réussit l’alliage parfait entre programmations eighties légères, basses indolentes et riffs pesants qui portent un refrain minimaliste mais entêtant… On revient aussi avec plaisir sur deux autres titres très forts : le surprenant Molehills qui monte en puissance de seconde en seconde pour finir sur une fulgurance technoïde sortie de nulle part, et le déjà classique Haven’t You Heard.
Malheureusement cohabitent aux côtés de ces morceaux de bravoure, quelques fautes de goût assez rares dans leur discographie pour être soulignées. On passe l’embarrassant You’re Out Here qui semble s’être égaré en chemin avec ses sonorités synthétiques outrageusement anachroniques, et le long et épuisant Safe & Well si peu inspiré. Mais ne boudons pas notre plaisir, car là où d’autres groupes cultes échouent à raviver la flamme (on ne citera personne), Arab Strap garde une forme olympique et suscite encore enthousiasme et curiosité pour encore probablement pas mal d’années.
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