Aquaserge – ‘La Fin de l’Economie’

Album / Crammed Discs / 24.05.2024
Rock expérimental

Aquaserge, groupe polymorphe toulousain au line-up fluctuant et indéfini, invente depuis 2005 son propre monde, ses codes musicaux, et choisit de ne pas choisir entre math-rock, jazz, chanson, pop, free et musique de film. Backing-band occasionnel pour Burgalat du label Tricatel et April March, on les retrouve également sur scène aux côtés de Stereolab, Laetitia Sadier, Tame Impala, Melody’s Echo Chamber…

Comme chez les bretons de Mermonte, le projet se conçoit comme une accueillante auberge espagnole qui rassemble des musiciens désireux d’explorer les profondeurs du rock et d’exploser le format chanson à la manière des Flavien Berger, Forever Pavot, Burgalat… ou plus avant, Gainsbourg, le grand Serge, figure tutélaire à l’ombre duquel le groupe évolue sans complexe.

Son huitième album (tous projets confondus), La Fin de l’Economie, ne déroge pas à cette exigence de rester libre à tout prix, sur le fond comme sur la forme. En témoigne le titre d’ouverture Le Saut Du Tigre assez dark et rugueux qui résume sur un motif synth-bass entêtant la philosophie du projet : ‘Laissons les idées s’envoler’. On est prévenus, Aquaserge fera feu de tout bois, pas question de trier. Les douze titres s’enchaînent dans une oscillation permanente entre impro dadaïste (Copychat), légèreté printanière (Soline) et thèmes sociétaux du moment. Pas de grands discours mais des petits messages qui s’insinuent avec malice dans nos inconscients comme la ritournelle écolo-optimiste Incendies, l’hymne anti-lourdingue Miso portant haut son slogan sorti tout droit d’une agence de pub en mal d’inspiration – ‘tu sais, si c’est pas oui c’est non’ – et le très lapidaire LPT (‘La police tue’) qui aborde frontalement comme son court texte l’indique, les violences policières.        

La Fin de l’Economie reste en cohérence avec la ligne du joyeux fourre-tout expérimental qu’on connaît et qu’on aime tant chez eux. On retrouve avec délectation ces ambiances décalées et groovy, ce goût pour le surréalisme et l’impro mais malgré tout, il nous manque cette fois un petit supplément d’âme pour nous accrocher totalement. La faute peut-être à une production un peu trop timide et quelques morceaux plus anecdotiques (Shoot De Love). Mais qu’importe, le plaisir reste intact, ce qui prouve encore une fois que la musique d’Aquaserge ne cherche plus sa place dans le paysage sonore d’aujourd’hui, elle la prend sans rien demander à personne… Se gêner ? Aquabon.