02 Déc 21 Anna – ‘Guilt’
Album / Howlin Banana / 12.11.2021
Indie pop
L’intro de Night Night nous laisse d’abord penser qu’on écoute le No Comprende de Low. Même sobriété de la batterie, début de riff assez similaire, mais très rapidement les chemins se séparent. Anna est plus à la marge que le duo de Duluth, et aime les sons étranges teintés du sceau DIY. Guilt, son nouvel opus, est en fait bien moins fait maison que les albums antérieurs de Martin Vidy. S’il continue à sonner artisanal dans ses arrangements et assemblages, le groupe a troqué les rouleaux de scotch pour une caisse à outil neuve.
Le passage du pur LOFI au studio est souvent casse gueule. Parce que le bidouillage maison est une esthétique en soi, et elle était plutôt affirmée sur les précédents opus d’Anna, les effets home made affirmant une identité autant qu’ils masquaient, peut-être, la qualité trop faible du matériel d’enregistrement. Ce passage donc, que d’autres groupes ont connu (Smog par exemple, de manière progressive, entre Sewn To The Sky et Red Apples, ou Palace entre There Is No One That Will Take care Of You et Viva Last Blues), Anna l’a suivi en s’éloignant du pur DIY, passant du 4 pistes de son premier album, au 8 pistes sur May. Désormais en groupe et en studio, le groupe ne tire pas pour autant un trait sur le passé avec Guilt, comme en atteste Haircut, ce très beau morceau de rappel des origines qui clôture l’album. Reprise du premier album et réarrangé pour l’occasion, ses sonorités de bandes cassettes vieillies (peut être d’origine) servent de timbre à donner à l’ensemble du titre, marquent la passion du quintet pour le bidouillage sonore et conservent des allures crades tout en étant sorties de studio.
Mais la vraie force des tourangeaux est essentiellement celle des mélodies. De Night Night à Bugs, de The Rain à la fin de Haircut (dont cette nouvelle version a des accents Ty Segallien), elles sont posées, la voix de Martin Vidy prouve qu’elle n’a pas besoin de maquillages LOFI pour être singulière, et que la clarté ne dessert en rien la créativité de l’ensemble.
On a hâte de voir ce que cette nouvelle formule donnera en concert, surtout en connaissant l’intérêt que le label Howlin Banana porte aux prestations live de ses signatures, de Th Da Freak à Volage, en passant par Johnny Mafia. À noter que l’album pourrait concourir au podium des plus belles pochettes de l’année, la photo issue d’un catalogue publicitaire des sixties étant saisissante. Le regard rêveur du môme qui tente de s’échapper de ses légumes imposés constitue en soi une ode à la marge qu’Anna accomplit avec un bel enthousiasme.
A ECOUTER EN PRIORITE
Night Night, The Blame, The Rain, Haircut
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