15 Juin 22 Angel Olsen – ‘Big Time’
Album / Jagjaguwar / 03.06.2022
Indie folk
Il est des moments dans la vie où les évènements semblent s’enchaîner dans un ordre qui défie toute logique. On peut vivre tranquillement pendant des années dans une sorte d’équilibre routinier et, d’un coup, l’Univers décide qu’il est temps d’expérimenter les sensations les plus fortes que la vie terrestre a en réserve.
Big Time s’est écrit dans ce chaos émotionnel. A cette période où Angel Olsen était dans un processus d’acceptation de soi, de son homosexualité et de toutes les nouvelles expériences qui se présentaient à elle. Elle tombe follement amoureuse, et perd son père trois jours après l’annonce de son coming-out (aucun lien de causalité évidemment). Un malheur n’arrivant jamais seul, sa mère passe l’arme à gauche dans la foulée. Comment alors conjuguer ces sentiments ambivalents de deuil et d’intense chagrin, avec ce grand bonheur, cet accomplissement de se sentir enfin soi-même, et de vivre un nouvel amour tout frais s’intensifiant à mesure des épreuves traversées ?
Faire des chansons tristes sur la perte, le manque et l’introspection, l’auteure compositrice interprète y était déjà rodée. C’est le fer de lance de l’indie folk, et elle en avait déjà quelques-unes en stock après une énième rupture (All The Good Times). Encore fallait-il trouver la force d’entrer en studio et d’écrire les chansons qui lui manquaient. En bonne professionnelle habituée à aller chercher les ressentis les plus viscéraux, Angel Olsen écrit le plus long et le plus beau morceau de l’album, This Is How It Works, qui sonne comme une abnégation devant la peine. Deux chansons d’amour viennent parfaire ce disque de la maturité : la ballade Chasing Sun et le morceau titre Big Time, écrit avec sa partenaire, qui transpire de petits bonheurs quotidiens.
Malgré tous ces évènements marquants, Angel Olsen livre l’album le plus serein de sa carrière, peut-être même le meilleur. Les arrangements grandiloquents et les synthés auxquels elle nous avait habitués laissent place à une pedal steel et une ambiance country apaisée, à l’image de ses modèles Lucinda Williams et Neil Young. Il se dégage de Big Time une force tranquille, celle d’une femme résiliente qui est parvenue à traverser tous les plans tordus de l’Univers.
A ECOUTER EN PRIORITE
Big Time, This Is How It Works, Dream Thing, Right Now
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