American Football – ‘LP3’

Album / Polyvinyl – Big Scary Monsters / 22.03.2019
Dad émo

Putain 20 ans. Deux décennies qu’American Football publiait son premier album éponyme, parangon du mid-west emo. Entendez par là un style mélancolique soutenu par des arpèges et un jeu mélodique à la technicité proche du math-rock. Depuis, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le groupe emmené par Mike Kinsella (Joan Of Arc, Owen) splittait dès l’année 1999 après ce magnifique premier disque et une poignée de basement shows. Il fallait attendre 2014 avec la réédition de ce même album – devenu culte entre-temps, vous l’aurez compris – pour voir le groupe remonter sur scène. En 2016 arrivait un second LP, toujours empreint de nostalgie mais à ‘la vitalité en berne‘ comme on l’écrivait alors.

Retour en 2019. On n’attend plus grand-chose d’American Football, et c’est bien là qu’on se félicite. Car si le groupe d’Urbana dans l’Illinois continue de diluer ses croches dans un spleen proche de l’ambient à certains endroits, il réussit toutefois où il avait échoué deux ans plus tôt. C’est-à-dire qu’il façonne de nouveau des mélodies délicates et mémorables en superposant les couches comme il savait si bien le faire. Surprise ! American Football condense enfin avec talent son savoir-faire. Et si évidemment on n’y retrouve pas nos premiers émois adolescents (parce pour nous aussi 20 ans sont passés), le charme opère indéniablement.

Et ce n’est pas la présence de plusieurs invitées qui fausse ici le propos. Qu’il s’agisse de Rachel Goswell (Slowdive, Mojave 3, Minor Victories), d’Elizabeth Powell (Land Of Talk) ou de Hayley Williams (Paramore), les harmonies gagnent au contraire en richesse, élargissant un peu plus la palette sonore du groupe. Comme le dégradé de bleu qui s’affiche sur sa pochette, LP3 se découvre en mode contemplatif. Mais rassurez-vous, il propose suffisamment de relief pour ne pas s’ennuyer.