Allah-Las – ‘Lahs’

Allah-Las – ‘Lahs’

Album / Mexican Summer / 11.10.2019
Indie rock

Si l’été paraît déjà un lointain souvenir, il existe toujours des moyens de ramener le soleil dans nos coeurs et nos oreilles. Et pour cause, après quelques années riches en voyages, Allah Las revient délivrer sa vision du monde tout en conservant son style typique californien. Un quatrième album studio qui capture à merveille l’essence d’une ambiance estivale, sur un thème phonique teinté de sonorités à la fois variées et modernes.

En effet, la musique d’Allah Las a toujours été la parfaite photographie d’une époque 60s, ensoleillée et capturée à travers l’onde focale d’un son qui nous projette instantanément à Laurel Canyon. Là où se côtoient en symbiose le jangle-pop de Byrds, le folk de Joni Mitchell et le psychedelia de Love au sein d’un revival americana frénétique. C’est donc dans cette pure tradition que ce quatrième opus, produit par l’ingénieux Jarvis Taveniere (Woods, Purple Mountains), s’ouvre avec le très étonnant Holding Pattern, dont les néons de guitare et d’orgue vagabonds se déplacent en cascade sur un rythme insouciant qui évoque des vagues déferlantes, à la manière de The Doors, un de leurs héros spirituels. De même sur la chanson principale In The Air où l’échange de sons de guitare électrique et de mellotron fait écho à un live de Nucleus.

Bien que nos anciens disquaires de Amoeba Music jouent toujours avec ce style décontracté qui les caractérise si bien, ils s’efforcent tout de même à sortir du passé pour essayer de nouvelles choses. Leur son garage est cette fois dépouillé de leurs travaux antérieurs et remplacé par quelque chose de plus beau et moins étudié. Ainsi, exit les réverbérations pour laisser place à un rapprochement chant/voix où les mélodies respirent, créant des espaces au sein desquels les couvertures soniques s’écroulent et diffusent une sensation qui nous embrume et nous réchauffe de l’intérieur.

Parallèlement à cette nouvelle approche sonore, une plus grande variété de styles se dessine et ne se limite pas à des mélodies de surf psychique et somnolente. Il y a un peu de slow-motion disco dans Roco Ono; du rock fantaisiste dans Keeping Dry dont le rythme est si relâché qu’on a l’impression que la batterie est sur le point de se détacher du reste; du chant expérimental dans Royal Blues pilotée par une boîte à rythmes rudimentaire; un peu de bossa nova dans Electricity; et tout un tas de chansons qui montrent clairement qu’ils ont quelque part, au cours de l’un de ces voyages, abandonné les guitares pour des lignes sinueuses dignes d’une BO de Tarantino.

Si quelques titres mousseux, presque maladroits, semblent un peu déplacés, le reste de l’album réussit avec brio à puiser dans la chose décontractée et subtile qu’Allah-Las fait si bien. A l’écoute, il peut y avoir des moments où les fans regretteront une autre pause ‘Beach Boys-esque’, mais dans l’ensemble, le groupe parvient à remettre à neuf son modèle et à proposer une bande-son atmosphérique certes extrêmement froide, mais intéressante tout de même. Telle une ode à leur Californie natale et aux aventures que leur musique leur a fait vivre jusqu’à présent… Telle une carte postale envoyée à la maison depuis un endroit si lointain…

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Holding Pattern, Keeping Dry, In the Air, Prazer Em Te Conhecer, Polar Onion, Pleasure


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