Aliment – ‘Brother’

Album / La Castanya / 23.11.2018
Noisy post punk

C’est il y a trois ans, à la sortie de son deuxième album Silverback, que l’on goûtait pour la première fois à Aliment. Seulement âgé d’une poignée d’années à l’époque, le groupe crachait bien haut la spontanéité et l’urgence d’un punk garage frisant parfois vers la power pop, et dont les 10 titres s’avalaient en une vingtaine de minutes seulement. Têtes baissées et pieds au plancher, les trois catalans ne s’embarrassaient alors de pas grand chose, surtout pas d’une justesse à toute épreuve, préférant tailler leur disque pour la scène, là ou on les imagine laisser régulièrement quelques traces indélébiles.

Manifestement, Aliment a fait du chemin et appris des quelques aînés avec lesquels il a pu partager la scène, Hot Snakes ou Thee Oh Sees parmi tant d’autres. Désormais plus volontiers rattaché à la scène post punk actuelle (Protomartyr en tête) grâce à des compositions ralenties, à la fois plus sombres et plus adultes (Dystopia, Sacred Secret), le trio barcelonais convoque néanmoins avec toujours autant de talent et de fraîcheur cette furie punk (Flesh and Gold) dont l’intensité le pousse régulièrement ici jusqu’au post hardcore (Snake Bite, Blessed Youth), voire jusqu’aux portes du noise rock (l’imparable New Human).

Vous l’avez compris : en préférant vous coller au mur plutôt que de vous inviter aux délires adolescents d’antan, Aliment ratisse plus large et assume la moindre de ses envies dans une cohérence rare, gage d’une maturité pleinement acquise. Ainsi, Brother ne dépayse pas les fans de ses deux aînés dont on retrouve encore ici quelques réminiscences power pop auxquelles se raccrocher (Maze, Black Cross), mais ose aussi sans complexe la répétition pour faire racler sa basse et crisser ses mélodies parfois dissonantes à n’en plus finir (Snake Bite, Dystopia) : autant d’éléments conservateurs qui offrent à Aliment de quoi se débarrasser définitivement de toute date de péremption.