Algiers – ‘There Is No Year’

Algiers – ‘There Is No Year’

Album / Matador / 17.01.2020
Punk soul

En deux albums, les américains d’Algiers ont réussi à imposer avec évidence une fusion pourtant improbable entre soul et punk, d’une efficacité incomparable sur scène. Avec son nouvel album There Is No Year, le groupe continue de creuser son sillon en développant pourtant un projet plus conceptuel. Avec plus ou moins de réussite.

Les références littéraires du chanteur Franklin James Fisher sont nombreuses. Pas étonnant alors qu’il ait été tenté par un album contant une histoire de luttes et de fin du monde, résumée en onze titres brûlant de colère ou d’angoisse, inspirés d’un roman fantastique à la Stephen King. De fait, ce registre a toujours été celui du groupe, dénonçant depuis ses premiers riffs l’absurdité et les outrances d’une organisation sociale inégalitaire et déliquescente. Encore ici, Fischer, de sa voix exceptionnelle de soulman furieux, puissamment articulée, porte ce verbe de la manière la plus performative qui soit. Chaque titre est un discours raisonné porté avec passion, et les arrangeurs ne s’y trompent pas, continuant de mettre en avant ce chant au point de confiner toute la musicalité de l’album à ce seul ‘instrument’.

Au final, on s’épuise assez vite à écouter la première partie de l’album, aux variations très pauvres, au rythme binaire épileptique peu varié. Même s’il est plaisant d’entendre à nouveau les claps et les choeurs gospel dès l’introductif There Is No Year, puis le feat expérimental avec Mourning [A] BLKstar sur Dispossession, le groupe trépigne, ne fait que ce qu’il a toujours fait, manque d’inspiration. Il semblerait que les membres aient changé leur façon de travailler (ils collaboraient jusque là à distance, régulièrement, par l’envoi de fichiers, méthode qu’ils semblent avoir abandonnée) et le manque de matériel au moment d’entrer en studio est manifeste. Dans cette première moitié de l’album, sans retrouver la densité évidente d’un Mme Rieux, on respire d’entendre Losing Is Ours inversement plus cosmique que l’entame n’était minérale.

Si la seconde partie n’est pas beaucoup plus musicale, les mélodies portées par Fischer sur des rythmes moins saccadés sont beaucoup plus variées et parlent directement au coeur. Wait For The Sound, un des meilleurs titres, étire son lamento miraculeusement dans un écho souligné idéalement par le chorus et quelques accords de clavier. Sur Repeating Night et We Can’t Be Found, la voix est soutenue par des sonorités de guitares adoucies, lancinantes, et les mélodies plus apaisées laissent entrevoir un savoir-faire dramatique nouveau mais aussi maîtrisé, beaucoup plus pop. Le groupe ne perd ni en puissance ni en conviction, il gagne en épaisseur. Une promesse pour le futur ? On prend déjà rendez-vous !

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Dispossession, Wait For The Sound, We Can’t Be Found


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